
A lire dans France Football cette semaine : N'Golo Kanté - Riyad Mahrez, made in Normandie
Adversaires en finale de la Ligue des champions, Riyad Mahrez et N'Golo Kanté, champions d'Angleterre ensemble avec Leicester en 2015, ont lancé leur carrière chez les pros du côté de la Normandie. Au Havre pour le premier, à Caen pour le second. Retour là où tout a commencé, après quelques belles galères.
«On se demandait comment des grands clubs n'avaient pas pu le prendre avant»
Au HAC, Mahrez énerve autant qu’il régale. Ses coéquipiers l’appellent Di Maria. Mais à la mi-temps d’un match, le président Jean-Pierre Louvel lui tombe dessus : «Si tu veux devenir un vrai professionnel un jour, arrête de te croire à la plage !» «Riyad, c’est le foot de la Street, le défend son ancien partenaire et ami, Romain Saiss. Mais ça l’a aidé. Il a su garder sa fraîcheur, il n’était pas stéréotypé. Sur le terrain, il pouvait énerver, mais c’est le genre de joueurs qui peut te faire basculer un match tout seul. Et tout au long de sa carrière au Havre, il n’a pas cessé de progresser.» Avec Erik Mombaerts surtout. Les deux hommes accrochent tout de suite. Avec lui, Mahrez ne quitte plus jamais l’équipe première. «Je l’ai vu avec un œil différent, explique le coach. On a mis un travail complémentaire en place avec lui. Il devait prendre la pleine mesure de ses qualités. Il n’a jamais rien lâché, encaissait des grosses charges de travail, sans jamais se plaindre. Et un jour, à Tours, il a sorti le match parfait. C’est ce jour-là, qu’il a passé un cap et s’est métamorphosé.»
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A Caen, N’Golo Kanté grandit plus vite. Le milieu intègre tous les systèmes tactiques en quelques séances, impressionne le staff et ses coéquipiers. «On lui disait qu’il allait signer en Angleterre et qu’il nous oublierait, sourit encore Mathieu Duhamel. Ça le faisait rigoler. Parfois, il se faisait déboîter en match, mais il se relevait ne disait rien. Jamais je ne l’ai vu s’énerver. Il enchaînait les matches tranquillement.» Sous les yeux des recruteurs qui s’enchaînent. «On se demandait comment des grands clubs n’avaient pas pu le prendre avant, se souvient José Saez. Des fois, on était obligés de lui dire : "N’Golo, calme-toi." Si les matches avaient duré 150 minutes, il aurait couru 150 minutes. C’était toujours le premier arrivé et le dernier parti.»
Marseille tente vite sa chance auprès du Caennais. Mais le président Vincent Labrune refuse de dépenser plus de 4 M€. Caen en demande le double. «Ç’a avait chauffé entre les deux partis, raconte un témoin. Xavier Gravelaine, qui travaillait à Caen, s’était fait traiter de "Monchi du Calvados" par les dirigeants marseillais. Ils n’avaient pas apprécié ses demandes. Pourtant N’Golo Kanté était ok pour y aller.» Le Français finira par signer à Leicester pour 8 M€. Un an après Riyad Mahrez, débarqué en Angleterre pour 450 000 euros et un pourcentage lors d’une future revente négociée à 15%. «Riyad, c’est le même qu’au Havre, confirme Romain Saiss. Ses potes de Sarcelles sont toujours les mêmes, il aime toujours autant Le Havre.» Comme N’Golo Kanté, installé devant les matches de Caen dès que son emploi du temps lui permet. «Il m’a invité sur Londres pour voir un match contre Manchester City, la saison dernière, explique Mathieu Duhamel. A la fin du match, il m’envoie un message, me demande où je suis. Je lui réponds dans une crêperie à côté du stade. Dix minutes après, il débarque, comme à Caen, tout doucement, avec son survêtement et son sourire pour partager son repas avec nous. Tout le monde hallucinait. Mais c’est lui.» C’est eux.
«Riyad, c'est le même qu'au Havre. Ses potes de Sarcelles sont toujours les mêmes, il aime toujours autant Le Havre.»
Olivier Bossard
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