Julien Cazarre a officié sur Canal +. (Franck Seguin/Lâ?™Équipe)

À lire dans France Football, le dernier tacle de Julien Cazarre : Tout le monde aime Raymond

Comme chaque semaine, Julien Cazarre glisse son tacle à retardement dans France Football. Il revient cette fois sur la nomination de Raymond Domenech au FC Nantes.

Vous vous souvenez sûrement de cette magnifique série des années 1990 (Tout le monde aime Raymond) qui racontait l’histoire d’un journaliste sportif qui avait une grande famille et qui était apprécié de tous. Au premier abord, ça ne colle pas trop avec «notre» cher Raymond qui, même lors de son passage comme consultant, n’a pas vraiment exalté les foules. On en a connu des gars pas aimés dans le foot : William Prunier, trop violent ; Emil Kostadinov, trop cruel ; Jacques Glassmann, trop honnête. Mais ils devaient plafonner à 80 % de haineux, alors qu’en ce qui concerne le nouveau coach du FC Nantes, on doit tutoyer les 99 %, ne restant plus que quelques aficionados de la région lyonnaise qui ont encore un souvenir ému des tacles assassins de sa période moustache. Pourtant, je mettrais un bémol à tout ça, même si c’est pas trop mon genre vu mes notes en solfège. À l’époque des Prunier, Kostadinov, Glassmann et de Tout le monde aime Raymond, tout le monde aimait Raymond... Mais vraiment. Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne veulent pas connaître (sauf si c’est expliqué en moins d’une minute sur un tuto TikTok). Dans les années Tapie, Raymond Domenech avait réussi, en rasant sa moustache, à faire oublier le rugueux défenseur briseur de Verts (et non de verres) qu’il était en tant que joueur. Je vais vous l’avouer humblement, même moi, j’étais tombé sous son charme. Je commençais à cette époque à vraiment devenir un névropathe cyclique du foot, allant jusqu’à découper tous les articles de France Football pour les coller sur un cahier en écoutant le multiplex sur RTL... Le genre de truc qui te fait devenir soit journaliste de bord terrain, soit tueur en série.

Lire aussi : -Le sommaire du nouveau numéro de France Football

Il était l'élu...

Quand «Ray» était entraîneur de l’Olympique Lyonnais, il incarnait la nouveauté, la fraîcheur et le changement. Dans ce marasme de profs d’EPS en survêt, il était le Robin Williams du Cercle des poètes disparus qui n’hésitait pas à emmener ses joueurs au théâtre, à leur faire lire des livres, à les encourager dans la poursuite de leurs études. Il était innovant, jeune, beau et séduisant. En conférence de presse, il avait toujours le bon mot et ce ton piquant et rieur qui en faisaient un OVNI dans la galaxie des «on va essayer de marquer un but de plus que l’adversaire sans en encaisser». Il était l’élu. Les Espoirs suivaient son sillage, tels les disciples de Moïse vers le mont Sinaï. Alors, forcément, quand son nom est sorti du chapeau pour remplacer Santini, le Messmer des confs de presse, un grand cri de joie inonda le foot français. Malheureusement, après quelques mois, le carrosse est redevenu citrouille et la magie s’est estompée... Tout ce vent de fraîcheur... Ben, ce n’était que du vent. Le temps est cruel et dans le bus de Knysna, il n’y avait pas grand monde pour monter sur la table et crier : «Ô capitaine ! mon capitaine !» On ne rattrape pas le temps perdu, sauf si on est Marcel Proust ou Marty McFly.

Dans ce marasme de profs d'EPS en survêt, il était le Robin Williams du Cercle des poètes disparus qui n'hésitait pas à emmener ses joueurs au théâtre, à leur faire lire des livres, à les encourager dans la poursuite de leurs études