Witsel et la Belgique veulent rebondir après la défaite en Angleterre. (M. Regan/Reuters)

Bilans 2020 des équipes nationales : le millésime à la loupe

Après la publication dans le FF du 22 décembre de nos traditionnels bilans annuels, nous poursuivons sur notre site l'analyse des résultats des sélections en 2020. Dans ce troisième et dernier volet sont passées à la loupe curiosités, statistiques et anecdotes de cette année si particulière.

Le millésime des ténors

Si 2020 aura été une année complètement atypique en raison de la pandémie de Covid-19, ce millésime n’a, en revanche, réservé aucune surprises sur l’identité des lauréats de chaque confédération. A commencer par l’Europe où l’Espagne, ex-aequo avec la Belgique, s’est imposée pour la 13e fois en 62 éditions. Personne ne peut rivaliser sur le Vieux Continent, mis à part l’Allemagne, première à sept reprises depuis 1991, mais qui avait vu avant la réunification la RFA l’emporter huit fois. Sur le continent américain, deux nations font régner la loi : le Brésil en zone CONMEBOL, qui cette année l’a emporté pour la 17e fois en 29 éditions du bilan Amsud ; le Mexique qui vient de se coiffer de sa seizième couronne en 30 ans, et distance désormais les Etats-Unis de cinq longueurs. En Asie, on l’on a très peu joué en 2020, le Japon enlève son neuvième sceptre en 23 éditions et creuse l’écart avec Australie et Iran (4 places de premier chacun). En Océanie, on n’a pas joué du tout et donc pour la deuxième fois après 2014 la palme de cette confédération n’est pas attribuée, la Nouvelle Zélande en restant le recordman (11 première places en 19 ans). Au bout du compte, il n’y a qu’en Afrique que le pays dénombrant le plus de couronnes ne l’a pas emporté. Mais pas pour autant de révolution sur ce continent : le Maroc s’impose pour la deuxième fois en trois ans et arrive en tête du classement pour la troisième fois dans l’absolu. Et, du coup, il n’est plus qu’à une unité des recordmen Egypte, Nigeria et Tunisie.

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Le club des invincibles

C’est une rubrique toujours très prisée. Parce qu’elle regroupe ces équipes nationales qui n’ont pas trébuché une seule fois dans une année calendaire et méritent un tableau d’honneur. En Europe, où les sélections ont pratiquement autant joué que dans une normale année sans compétition majeure, il peut être distribué en grand pompe à l’Italie, troisième du bilan 2020 avec un beau «bulletin de notes» : 5 victoires et 3 nuls, 17 buts marqués contre seulement 2 encaissés. Et une sacrée série en cours pour Roberto Mancini, le sélectionneur des Italiens : 22 matches sans défaite à la tête de son équipe nationale, l’ultime revers remontant à plus de deux ans (Portugal-Italie 1-0, 10 septembre 2018). Beaucoup de mérite, également, pour la Slovénie, encourageant douzième de notre classement, avec aussi 5 succès et 3 nuls, même si ses adversaires sont d’un pedigree moins impressionnant que ceux de la Nazionale (rayon victoires, les Slovènes ont battu deux fois la Moldavie et le Kosovo, ainsi qu’une fois Saint-Marin, quand leur voisine italienne est venue à bout notamment des Pays-Bas, de la Pologne et de la Bosnie). Pour les autres confédérations, la prouesse de finir l’année sans défaite est plus relative. En Amsud, par exemple, n’ont été disputées que quatre rencontres par pays. Bon, le fait qu’il s’agisse de quatre matches des éliminatoires du Mondial 2020 donne un peu plus de valeur à l’absence de défaite pour deux des dix membres de la CONMEBOL : le Brésil et l’Argentine, avec un avantage à la Seleçao qui a gagné tous ses matches (un nul et trois succès pour l’Albiceleste). En CONCACAF, seuls le Mexique (4 victoires et 1 nul) et les Etats-Unis (3 succès, 1 nul) n’ont pas posé genou à terre dans une confédération dont les pensionnaires n’ont disputé que des matches amicaux. Pas de compétition officielle non plus en Asie, avec deux équipes invaincues : Bahreïn et la Palestine, chacune trois succès en trois matches. En Afrique, on dénombre quatorze sélections à n’avoir pas perdu en 2020. Mais certaines n’ont joué qu’une ou deux fois. Alors, on ne mettra en avant ici que les pays ayant bouclé trois parties (Bénin, Burundi, Cameroun, Comores, Guinée, Mali) ou quatre matches (Algérie, Burkina Faso, Maroc, Tunisie). Avec une mention pour «l’en plein» (3 victoires sur 3) des Maliens.

L'Italie de Roberto Mancini n'a pas perdu une seule rencontre en 2020. ( /Reuters)

Buts à go-go

Les habitués de la rubrique «gros cartons» vont être déçus. Sans l’Océanie, pourvoyeuse de la majorité des scores fleuves, et avec une Asie au ralenti, 2020 n’a pas été le théâtre d’ardoises mémorables. Le plus gros écart reste le 7-0 infligé par le Portugal à Andorre en amical, le 11 novembre. Viennent ensuite le cuisant 6-0 administré par l’Espagne à l’Allemagne, six jours plus tard à Séville en Ligue des Nations, et le 7-1 des Bleus à l’Ukraine au Stade de France, le 7 octobre en amical. Le même jour l’Italie corrigeait 6-0 la Moldavie, toujours en amical. Et c’est sur un 6-0 que les Etats-Unis ont bouclé l’année en amical face au Salvador, le 12 décembre. Le France-Ukraine mentionné quelques lignes plus haut est également le match le plus prolifique en buts de 2020, à égalité avec deux autres matches amicaux (Roumanie-Biélorussie 5-3 le 11 novembre, Etats-Unis - Panana 6-2 le 16 novembre) et une rencontre des éliminatoires de la CAN 2021 (Nigeria-Sierra Leone 4-4, le 13 novembre).

Chaud devant !

La grosse différence de matches disputés entre l’Europe et les autres confédérations fait que l’on ne vous présentera pas un classement mondial des meilleures attaques. On se limitera à mettre en avant le très fort potentiel de la Belgique, de la France et du Portugal (19 buts en 8 matches) en Europe, où seule l’Italie (17 buts) tient la comparaison en dépassant les deux buts par rencontre. En Amsud, c’est la révélation Equateur, deuxième de notre bilan 2020, qui a le plus fait parler la poudre avec 13 buts marqués. En CONCACAF, personne n’a fait mieux que les Etats-Unis (13 buts en 4 rencontres), alors que la Zambie (13 buts en 8 matches) et le Qatar (8 buts sur 4 matches) ont été respectivement les sélections les plus prolifiques d’Afrique et d’Asie.

L'équipe de France et Giroud ont cartonné cette année. (Reuters)

Dur, dur derrière

Une fois n’est pas coutume, Saint-Marin n’a pas coiffé le bonnet d’âne de la défense passoire. De fait, les joueurs de la petite république n’ont encaissé «que» 10 buts en 6 matches et, s’ils n’ont jamais trouvé le chemin des filets, ont même récolté deux nuls. 55e et dernier du classement européen, Saint-Marin a encaissé deux fois moins de buts que la sélection qui la précède, Andorre. L’équipe de la principauté pyrénéenne a, il est vrai, joué deux matches de plus. Et peut se consoler d’être en bonne compagnie puisque la Croatie, finaliste du Mondial 2018, et l’Islande, révélation de l’Euro 2016, ont aussi encaissé 20 buts. Et surtout Andorre n’est même pas au fond de la classe : c’est l’Ukraine dirigée par Andreï Chevtchenko qui a pris le plus de buts en 2020 : 22 ! Il est sûr que le 1-7 face à la France n’a pas aidé une sélection qui a pris des buts sur 7 de ses 8 matches. L’exception ? Le beau succès (1-0) sur l’Espagne, le 13 octobre en Ligue des Nations. Une «consolation» de taille, avouez-le !

Les 14 matches d'avant-Covid

Comme on le sait, la pandémie a complètement chamboulé les programmes des sélections et l’écrasante majorité du calendrier 2020 s’est finalement concentré sur les mois de septembre, octobre et novembre. Malgré tout, il y a une ébauche d’activité dans la première moitié de l’année. Plus précisément au premier trimestre avec un total de 14 rencontres. Neuf ont eu lieu en janvier (Barbade-Canada 1-4 le 8, Barbade-Canada 1-4 le 11, Bangladesh-Palestine 0-2 le 15, Islande-Canada 1-0 le 16, Sri Lanka-Bangladesh 0-3 le 19, Islande-Salvador 1-0 et Seychelles-Maurice 2-2 le 20, Palestine-Seychelles 1-0 le 22, Erythrée-Soudan 0-1 le 25), trois en février (Etats-Unis-Costa Rica 1-0 le 1er, Ouzbékistan-Biélorussie 0-1 le 23, Bulgarie-Biélorussie 0-1 le 26) et deux en mars (Jamaïque-Bermudes 2-0 et Zambie-Malawi 1-0 le 12). Confinements et reports de compétitions pour clubs ont ensuite mis entre parenthèses la vie des sélections pendant quasiment six mois…

Vols intercontinentaux

Si la pandémie a restreint les déplacements, elle n’a pas empêché les rendez-vous intercontinentaux. Pour preuve, il y a eu 19 rencontres entre sélections de confédérations différentes en 2020. Quatre ont été disputées entre janvier et février et ont été citées dans la rubrique précédente (il y a les matches de l’Islande face au Canada et au Salvador, la rencontre Palestine-Seychelles et la visite de la Biélorussie en Ouzbékistan). Le reste s’est joué en octobre et novembre. Avec une activité ciblée du Japon, qui en 2020 n’a affronté que des équipes d’autres confédérations, qu’il s’agisse de la CAF (0-0 face au Cameroun le 9 octobre et 1-0 face à la Côte d’Ivoire le 13) ou de la CONCACAF (1-0 face à Panama en 13 novembre, 0-2 face au Mexique le 17). Outre les Japonais, le Mexique s’est confronté à une autre sélection asiatique, la Corée du Sud (3-2 le 14-11), et a aussi défier Européens (1-1 aux Pays-Bas le 7-10) et Africains (2-2 face à l’Algérie le 13-10). Lauréat de notre bilan asiatique en 2019, le Qatar, a joué en 2020 deux matches «intercontinentaux» : le 12 octobre, il perdait 5-1 face au Ghana, et concédait le nul (1-1) face au Costa Rica le 13 novembre. Dans la même période, on a assisté à une double confrontation entre l’Arabie Saoudite et la Jamaïque, avec un net 3-0 pour les Saoudiens le 14 novembre et une revanche de la sélection des Caraïbes trois jours plus tard (2-1). Les quatre derniers «intercontinentaux» à signaler sont : Andorre-Cap Vert 1-2 le 7 octobre, Belgique-Côte d’Ivoire 1-1 le 8, Bosnie-Iran 0-2 et Pays de Galles-Etats-Unis 0-0 le 12 novembre. Il reste à espérer qu’en 2021, le calendrier offrira bien plus que ces dix-neuf rencontres hors confédération d’appartenance…

Roberto Notarianni