Comment Thomas Tuchel est vu en Angleterre depuis ses débuts à Chelsea

L’heure n’est pas forcément au bilan, mais les premiers jours de Thomas Tuchel à Londres et plus précisément à Stamford Bridge, semblent montrer une certaine excitation. Le coach allemand est arrivé en Premier League avec la ferme intention de montrer sa patte. Son changement de dispositif en 3-4-2-1 lors des deux premières rencontres qu’il a disputées contre Wolverhampton (0-0) et Burnley (2-0) invoque forcément de nouvelles alternatives pour Chelsea. Avant même l’officialisation de sa venue, le Guardian ne tarissait pas d’éloges sur la vision du coach allemand, qualifiée entre les lignes "d’anti-Lampard". «Avec Thomas Tuchel, entrez dans le monde de la tactique moderne. C’est un entraîneur obnubilé par les détails dont les passe-temps déclarés sont de boire de l’orange spritzer en pleine nuit et concevoir des meubles. Pour lui, le coaching et le management sont une vraie vocation, quasiment une sorte de discipline intellectuelle.» Un emballement médiatique partagé par le Daily Telegraph : «Tuchel est considéré comme l'un des esprits les plus brillants du football européen. Il y a une notion de "génie fou" dans ce qu’il produit. Il n’est pas surprenant qu’il s’entende bien avec Pep Guardiola qu’il considère comme un modèle.»  Et contrairement à Frank Lampard, une expérience de haut niveau qui ne fait pas tache dans le CV. Même si la fin de son histoire d’amour avec le PSG s’est terminée en queue de poisson - l’intéressé lui-même affirmant qu’il avait passé l’un des pires Noël de sa vie - Thomas Tuchel reste sur plusieurs titres consécutifs en Ligue 1 et surtout, une finale de Ligue des champions perdue contre le Bayern Munich. La première de l’histoire pour Paris.

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Le choix de Chelsea n’est donc pas un hasard. Les Blues avaient besoin d’un vrai coup de fouet dans l’approche tactique, le management et la psychologie. L’ancien entraîneur du Borussia Dortmund est connu pour élaborer des plans d’alimentation particulièrement pointus et toujours avoir un œil attentif sur le sommeil de ses joueurs. «Sa volonté de tout vouloir contrôler dans un club lui a créé des ennemis dans le passé et parfois des affrontements avec sa direction» nuance toutefois la BBC. Avec Thomas Tuchel, la rigueur est de mise, mais le coach de 47 ans n’est pas qu’un homme à la poigne de fer. Sa manière de remettre en selle les joueurs est aussi louée chez nos confrères britanniques. Et certains en ont besoin à Chelsea. «Thomas Tuchel peut tirer le meilleur de Kai Havertz et Timo Werner chez les Blues, c’est certain» souligne talkSPORT. Même son de cloche pour Forbes : «La nomination de Tuchel par le board de Chelsea a été en grande partie faite avec Kai Havertz et Timo Werner à l'esprit. Le club a investi plus de 100 millions de livres pour acquérir les deux joueurs lors du mercato estival et le club doit maintenant valider cet investissement. Les dirigeants espèrent que Tuchel saura construire l’équipe autour d’eux.»

Le chapitre Frank Lampard refermé, Chelsea doit désormais se soumettre aux directives du coach allemand. Et depuis deux rencontres, face à Wolverhampton et Burnley, le changement de dispositif génère une autre approche tactique. Le 4-3-3 dessiné par Lampard n’ayant clairement pas porté ses fruits, Thomas Tuchel s’est tourné vers un schéma collant aux caractéristiques de ses joueurs. Dans ce 3-4-2-1, la vitesse des joueurs positionnés dans les couloirs est indispensable et le retour en grâce de Marcos Alonso, écarté par Frank Lampard depuis le début du Championnat, n'est sans doute pas anodin. Tout comme le passage à trois défenseurs centraux (Rüdiger, Thiago Silva et Azpilicueta). Exit donc Kurt Zouma, pourtant indiscutable sous Lampard. «On s’attend à voir les joueurs de Chelsea exercer une forte pression sur l’équipe adverse à travers le pressing et le contrôle du ballon. Mais pas forcément comme le fameux "Gegenpressing" de Jürgen Klopp qui nécessite un engagement total des onze joueurs sur le terrain.» écrit le Daily Mail dans ses colonnes.

 

Car en toute logique, la comparaison entre Thomas Tuchel et Jürgen Klopp est indissociable. Les deux hommes ont été les entraîneurs de Mayence et Dortmund, partagent une vision similaire du football et des tactiques loin d’être antinomiques. L’entraîneur de Liverpool s’est même déclaré heureux de voir son collègue arriver en Premier League : «C'est un très bon manager. Je le connais depuis longtemps et je le respecte beaucoup. Cette équipe de Chelsea est un cadeau. Je suis presque sûr que Thomas le voit aussi comme ça.» Certains diront un cadeau empoisonné puisque la durée de vie d’un entraîneur à Chelsea ne dépasse pas les deux ans depuis une décennie. «Tuchel sera exposé aux mêmes règles que Frank Lampard. Nous parlerons de son licenciement dans les 18 mois ou deux ans à venir, j'en suis presque sûr», confie Gary Neville, un brin sarcastique, au micro de Sky Sports. D’ici là, Thomas Tuchel devra remettre Chelsea sur de bons rails et permettre au club londonien de retrouver les hauteurs du classement. Pas une mince à faire avec l’ombre tempétueuse de Roman Abramovitch. Mais l’Allemand sait où il met les pieds.

Thomas Bernier

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