Soccer Football - Champions League - Round of 16 Second Leg - Juventus v FC Porto - Allianz Stadium, Turin, Italy - March 9, 2021 Juventus' Cristiano Ronaldo looks dejected after FC Porto's Sergio Oliveira scored their first goal REUTERS/Massimo Pinca (Reuters)

Juventus-Porto : Cristiano Ronaldo, sauveur en perdition

Le Portugais, spécialiste des retournements de situation en C1, n'a pas tenu son rôle contre Porto. Trop discret, le sauveur tant attendu regarde le train des quarts lui passer sous le nez pour la seconde fois consécutive. Retour en détail sur son match.

Andrea Pirlo disait avant la rencontre que ce genre de match «était pour Ronaldo». En avançant cette affirmation, l’ancien milieu de la Nazionale cherchait sans doute à motiver sa star. Mis au repos ce week-end lors de la victoire contre la Lazio - il n’est rentré que pour trente minutes -, Cristiano Ronaldo se savait attendu pour ce huitième de finale retour contre Porto. Son équipe, piteusement battue 2-1 à l’Estadio do Dragao à l'aller, étant dos au mur. Et qui de mieux pour se sortir d’un tel guêpier que Ronaldo, le spécialiste des retournements de situation ? En lançant sa petite phrase, Pirlo se souvenait certainement de ce doux mois de mars 2019. Défait 2-0 par l’Atlético Madrid en Espagne, le Portugais était parti vexé du Wanda Metropolitano, rappelant qu’il avait remporté plus de Ligue des champions que les Colchoneros. Au Juventus Stadium, il avait prouvé qu’il était LE sauveur des causes perdues en claquant un triplé et envoyant les Juventini en quarts.

Mais ce mardi soir, l’enfant de Madère n’a pas répondu aux attentes comme il y a deux ans, et n’a pu empêcher l’élimination des Turinois. Lui qui avait, depuis son arrivée, marqué sept des huit buts de la Juve en phase à élimination directe de Ligue des champions, est resté muet, impuissant. Cinq tirs tentés pour deux cadrés. La machine à buts était enrayée. La lumière a plus surgi de Federico Chiesa que de lui. Enfin pas tout à fait puisqu’il était passeur décisif pour l’égalisation de l’Italien (1-1, 50e). Si son appel dans la surface a permis à Leonardo Bonucci de lui adresser une magnifique ouverture, le contrôle approximatif du Portugais ne lui donnait aucun moyen de frapper au but. Mais CR7 a eu la lucidité de signifier à Chiesa qu’il pouvait tenter sa chance. A raison. On se disait alors que le réveil du quintuple Ballon d’Or France Football interviendrait très vite. Mais non. Hormis sur quelques appels, Ronaldo ne faisait peser aucun danger. Ses faits d’armes étaient rares : Chancel Mbemba lui enlevait un ballon destiné à sa tête (86e), il était trop court devant Marchesin (102e) et forçait le portier des Dragons à la parade (117e). 

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Râleur mais pas sauveur

Le Cristiano discret dans le jeu s’est fait remarquer ailleurs. On l’a vu beaucoup râler ce mardi soir : envers l’arbitre et ses coéquipiers, notamment pour des centres trop imprécis pendant une grande partie de la rencontre. CR7 a souvent désespérément attendu le ballon au second poteau, levant les bras pour bien montrer à Juan Cuadrado ou Chiesa qu’il était au fond de leur champ de vision. Il finissait par toucher une bille dans cette zone à l’heure de jeu, sur un corner de Cuadrado. Trop tard. Mais le meilleur buteur de l’histoire de la C1 (135 buts) n’est pas resté qu'au second poteau. Agacé de ne pas recevoir la moindre munition, il a énormément dézoné : à droite, à gauche, cherchant la meilleure position pour attaquer. Lorsque le cuir lui parvenait dans les pieds, il était trop esseulé – et marqué par deux ou trois joueurs portugais – pour créer une différence. A plusieurs reprises, il est même venu proposer des solutions au niveau de la ligne médiane, sans jamais être en mesure d’ouvrir des espaces. Un poil trop frileux dans ses initiatives balle au pied, il a déçu dans son rôle de leader d’attaque.
 
Alors l’ancien Merengue s’est encore plus agacé, pestant après l’arbitre (18e, 60e), Sergio Conceiçao (111e) ou Alvaro Morata, qui frappait au but au lieu de le servir en retrait (27e). Si le club turinois l’a recruté en 2018, c’est justement pour s’extraire de ce genre de piège et conquérir enfin une C1 après laquelle il court depuis 1996. Contre Lyon l’an passé, Ronaldo avait inscrit les deux buts de l’espoir des Bianconeri lors du huitième de finale retour, mais c’est son équipe qui n’avait pas su se mettre au niveau. Cette fois, c’est bel et bien le Portugais qui ne l’était pas.

Florent Larios