mbappe lottin (kylian) griezmann (antoine) pogba (paul) (A.Mounic/L'Equipe)

L'équipe de France s'offre une victoire tranquille (3-0) face à un Pays de Galles trop rapidement réduit à dix

L'équipe de France a largement pris le meilleur sur un Pays de Galles trop rapidement réduit à dix pour tirer de vrais enseignements. Pour son grand retour, Karim Benzema a manqué un penalty et touché le poteau au cours d'une soirée qui l'aura vu manquer de réussite.

La leçon : Trop facile pour les Bleus

En sept ans, Karim Benzema n'a donc transformé aucune de ses trois tentatives sur penalty avec les Bleus. Voilà pour le principal enseignement d'une soirée qui voyait l'équipe de France se mesurer au Pays de Galles, à neuf jours du début de l'Euro. Blague à part, on aurait beaucoup aimé analyser la complémentarité du trio KB19 - Kylian Mbappé - Antoine Griezmann, mesurer la fiabilité du 4-4-2 en losange face aux transitions britanniques et un tas d'autres choses. On a pu se faire une petite idée, on exagère un brin, mais tout devra être décrypté à la lumière de l'arrêt des deux mains du défenseur Neco Williams. Celui-là même qui a entraîné le coup de pied de réparation arrêté par Danny Ward. On jouait alors depuis une grosse vingtaine de minutes (23e) et tout le monde a regretté, Didier Deschamps inclus, que l'arbitre de la partie décide d'exclure le latéral gallois. Benzema, par ailleurs très en jambes et disponible, entretenait le suspense, donc, mais la première répétition générale des Tricolores se voyait-là perturber. A cet instant, la possession était déjà largement déséquilibrée et personne n'était dupe : on allait assister à un siège. De surprise il n'y a pas eu et Galles a fini par craquer. Cette fois-ci, Ward ne réalisait pas le même arrêt que face à Benzema (4e et 23e) et c'est finalement Mbappé qui plaçait la France aux commandes (1-0, 34e). Le numéro 10 fêtait ainsi le 17e but de sa carrière internationale et les Bleus, disposés tantôt en 4-4-2 losange, tantôt en 4-3-3, pouvaient continuer de répéter leurs gammes.

Ils le firent plutôt bien, du reste, mais tout avait un léger arrière-goût. Les choses se seraient-elles passées de la même manière à égalité numérique face à une équipe qui les avait fait souffrir, au fil de transitions rapides, durant l'entame ? Le fameux losange n'aurait-il pas continué d'afficher des limites, exposant tour à tour Benjamin Pavard et Lucas Hernandez plus qu'il ne le faudra dans une dizaine de jours ? Griezmann, parfaitement servi par une subtile talonnade de Mbappé, en aura en tout cas profité pour expédier un bonbon dans la lucarne de Ward (2-0, 48e) et les titulaires pour engranger du rythme et de la confiance. Ou plutôt les titulaires ET de nombreux entrants. Parmi eux, Jules Koundé et Lucas Digne, tous deux lancés dès la pause à la place de Benjamin Pavard et de Lucas Hernandez. Les Bleus se seront bien fait une petite frayeur, alors que l'on venait de passer l'heure de jeu (65e, arrêt d'Hugo Lloris) mais auront passé les trois quarts de leurs temps dans les trente mètres adverses. Pour le dire autrement, tout est trop vite devenu un peu trop facile. Au sens premier du terme, d'abord, puis de manière figurée. Pour les enseignements et le premier but de la nouvelle vie de Benzema, qui aura touché le poteau après un sublime enchaînement sur le but du 3-0 inscrit par Ousmane Dembélé (3-0, 78e), on repassera. Mais personne n'en voudra ni à l'arbitre de la partie ni à l'attaquant du Real si l'attente prend fin dans treize jours, en Allemagne.

Le gagnant : Tolisso pour vous servir

Qui l'attendait à un tel niveau, ne serait-ce que physiquement ? Pas grand-monde en dehors du staff des Bleus et de... lui-même. Tolisso a eu le mérite de ne rien lâcher entre le moment de l'annonce de la liste et sa très grave blessure et il vient de récolter une partie des fruits de cette abnégation. On l'a en effet senti en jambes, sûr de son jeu et de ses appuis et parfaitement intégré au onze. Deschamps s'en doutait déjà mais il vient d'en avoir la confirmation : il pourra bien compter sur l'un de ses soldats préférés cet été.

Le perdant : Et l'esprit de la règle, M. Godinho ?

Personne ne lui en voudra vraiment car cela comptait pour du beurre et que sa décision tient plus à un système qu'à son discernement, mais on aurait aimé le voir agir différemment sur le premier tournant de la partie. Bien sûr, les mains du malheureux Williams étaient largement décollées de son corps. Bien sûr, cela privait Benzema de l'ouverture du score. Mais Monsieur Godinho n'aurait-il pas pu, eu égard au contexte dans lequel la faute intervenait, faire preuve de clémence ? Cela aurait permis aux deux équipes de beaucoup mieux travailler...

Thymoté Pinon