flick (hans dieter) (S.Boue/L'Equipe)

Le Bayern Munich fera-t-il le doublé en Ligue des champions ?

Opposé à la Lazio en huitièmes de finale, le Bayern Munich est toujours l'un des principaux candidats à sa propre succession. Mais le géant bavarois a-t-il vraiment toutes les armes pour remporter à nouveau la Ligue des champions ? Deux de nos journalistes ne sont pas d'accord.

OUI

Parce que c’est une équipe de C1 
Si le Bayern monopolise la première place de Bundesliga depuis huit saisons, il aime également se mettre en avant sur la scène européenne. Il n’y a pas de réels soucis à se faire pour les Bavarois en Ligue des champions, simplement parce que cette équipe est, déjà, historiquement attachée à cette compétition. On parle tout de même d’un club six fois vainqueur du trophée, juste derrière l’AC Milan (7) et le Real (13). Sur les dix précédentes éditions, le Bayern brille par sa régularité, sorti à deux reprises seulement en huitièmes de finale : en 2010-11 par l’Inter et en 2018-19 par Liverpool, futur champion. Sinon, les Munichois ont atteint trois fois la finale (deux victoires) et sept fois les demi-finales, soit la deuxième formation la plus représentée à ce stade de la compétition, à un souffle du Real Madrid (quatre finales pour huit demies). Les hommes d’Hansi Flick détiennent en prime le record de victoires consécutives, quinze, stoppées en décembre par un match nul à l’Atlético.
 
Parce qu’il a l’effectif pour 
Parmi tous les qualifiés pour ces huitièmes de finale, le Bayern dispose d’un des effectifs les plus fournis, en dépit des départs lors du mercato estival. Au-delà de son statut de tenant du titre, la qualité de l'escouade bavaroise place automatiquement le club comme favori à la victoire finale. Malgré les absences de Corentin Tolisso ou Douglas Costa, ou les incertitudes qui planent autour de Serge Gnabry ou Thomas Müller, Hansi Flick possède des éléments de taille dans son groupe. En faisant fi de Robert Lewandowski, trois buts en quatre matches en phases de poules, ou Manuel Neuer, le coach allemand peut compter sur des leaders à chaque ligne. Alaba, Davies, Kimmich, Goretzka, Coman… et peut se payer le luxe de faire entrer le solide Hernandez ou encore l’expérimenté Javi Martinez. Des remplaçants tout aussi aptes à disputer ces rencontres à enjeu. Lors du match à Madrid, en décembre, Hans-Dieter Flick avait laissé au repos la plupart des cadres de son vestiaire et le Bayern avait ramené le point du nul contre des Colchoneros pourtant en pleine bourre.
 
Parce que sa baisse de forme n’a rien d’inquiétant 
Bon, c’est vrai que le Bayern n’a pas vraiment bonne mine ces derniers temps. Et si on se pose cette question, c’est surtout vis-à-vis de la forme actuelle des Munichois. Un match nul arraché lundi à l’Allianz Arena contre le modeste 16e de Bundesliga, Arminia Bielefeld (3-3), un revers à Francfort ce samedi (2-1), les Bavarois ont connu mieux comme préparation pour un huitième de C1. Mais rien d’étonnant là-dedans quand on sait qu’ils ont enchaîné cinq matches en quinze jours, avec une virée au Qatar pour le Mondial des clubs. Les retours attendus prochainement de Gnabry, Müller et Pavard offriront d’autres solutions à Hansi Flick pour faire tourner son groupe et le revigorer avant d’attaquer la money-time de la saison. D’autant que si la fatigue a semblé peser sur les organismes lors de la première mi-temps contre l’Eintracht, elle s’est évaporée dans le second acte avec un Bayern plus tranchant dans ses accélérations et plus efficace à la récupération du ballon.

F.L.

Lire aussi : - Flick : «Il faut toujours rester authentique»

NON

Parce que le collectif est (un peu) usé
Entendons-nous : on parle ici d’une équipe qui domine encore son Championnat et n’a eu aucune réelle difficulté pour sortir de son groupe en C1. Mais il serait imprudent de comparer ce Bayern à l’équipe qui avait totalement dominé son sujet et ses adversaires depuis l’arrivée de Hansi Flick aux commandes, en novembre 2019, jusqu’au sacre européen à Lisbonne au mois d’août 2020. Cette saison, et plus encore depuis le début de l’année 2021, les Bavarois sont moins gloutons, moins dominateurs, moins impitoyables. Ils pressent un peu moins, et moins haut (comme beaucoup de cadors européens en cette saison particulièrement éprouvante), leur défense est plus exposée et plus friable (de 0,91 but encaissé par match en Bundesliga l’an dernier à 1,41 cette saison !), l’effectif apparaît moins dense en qualité comme en quantité. Bref, ce Bayern est toujours très, très fort. Mais pas aussi fort qu’il l’a été, et donc moins inabordable pour ses concurrents.
 
Parce que certains postes sont fragilisés
Symbole de ce rendement collectif en légère baisse, le coeur du réacteur est particulièrement touché. Le départ de Thiago Alcantara à Liverpool, la blessure de Joshua Kimmich à l’automne, les pépins incessants de Corentin Tolisso, l’impact moins prépondérant de Leon Goretzka… Tous ces facteurs ont affaibli le si puissant et soyeux entrejeu bavarois - même si Kimmich évolue à un niveau souvent stratosphérique - et les solutions de rechange (Marc Roca, Jamal Musiala) n’offrent évidemment pas les mêmes garanties. Idem sur les postes de latéraux, où les états de forme fluctuants de Benjamin Pavard, Alphonso Davies ou Lucas Hernandez obligent Hansi Flick à certains ajustements pas toujours gagnants (Niklas Süle latéral droit, par exemple). Autrefois difficiles à dénicher et à exploiter, les points faibles de cette équipe sont désormais bien identifiés.
 
Parce que quelques éléments sont perturbés
Nous ne sommes qu’au mois de février et l’affaire est déjà entendue : la défense du Bayern va opérer un important lifting l’été prochain. David Alaba a officiellement annoncé son départ, Jérôme Boateng, en fin de contrat lui aussi, a sans aucun doute vécu le transfert programmé de Dayot Upamecano comme un nouveau signal clair quant à son avenir. Niklas Süle, lui, ne sait toujours pas si sa direction et son coach le considèrent comme une pièce vraiment importante de leur projet. En attendant, tout ce petit monde devra assurer sur le terrain pour éviter certaines déconvenues au FCB. À Munich, les polémiques ne sont jamais loin, même quand tout semble idyllique. La preuve : les relations supposément tendues entre Hansi Flick et ses dirigeants font beaucoup parler, comme le possible désir du coach de prendre la succession de Joachim Löw à la tête de la Mannschaft après l’Euro. Pendant ce temps, certains concurrents atteignent une forme de plénitude, à l’image de Manchester City en Angleterre. Le Bayern saura-t-il appuyer sur le bouton le moment venu et relancer sa mécanique destructrice ? Le doute est permis, au moins.

C.C