weah (george) (B.Fablet/L'Equipe)

Ligue des champions : les petites et grandes histoires des affrontements entre le Bayern Munich et le PSG

Neuf matches, cinq victoires parisiennes, quatre succès bavarois : tel est le bilan historique entre le PSG et le Bayern Munich en Ligue des champions. FF vous raconte les petites et grandes histoires autour de ces confrontations.

Papin, la cravate de luxe et des retrouvailles manquées

Le tout premier PSG-Bayern a eu lieu en 1994, en phase de poules de la Ligue des champions. Dans le groupe B, Parisiens et Bavarois doivent lutter avec le Spartak Moscou et le Dynamo Kiev. Les deux formations se défient en ouverture le 14 septembre au Parc des Princes. Mais sans Jean-Pierre Papin en face. Débarqué du Milan AC l'été précédent, le Ballon d'Or France Football 1991 vit des débuts délicats outre-Rhin, la faute à une blessure à un genou. Ce rendez-vous de septembre au Parc est évidemment particulier pour lui, l'ancien Marseillais, qui revient dans cette enceinte dix mois après le terrible France-Bulgarie qualificatif pour la Coupe du monde 1994. La veille du match, Papin prend part au début d'entraînement des siens, avant de stopper tout au bout de trois minutes. «Je ne peux même pas trottiner», peste celui qui souffre alors d'une tendinite. Une journée, en veille de match, décidément bien compliquée pour lui : le matin, avant d'embarquer pour Paris, il avait écopé d'une amende de 50 Deutsche Mark (l'ancienne monnaie allemande) de la part de son club pour avoir été le seul à ne pas porter la cravate du Bayern.

Paris lance son histoire avec la C1

Cette réception du Bayern Munich marque aussi le véritable début de l'histoire du Paris Saint-Germain avec la plus grande des compétitions de clubs. Créé en 1970, le PSG avait jusqu'alors connu une petite fois la C1, époque Coupe d'Europe des clubs champions. C'était en 1986, avec un Paris éliminé dès le premier tour par les Tchèques de Vitkovice. S'il avait disputé plusieurs fois la Coupe des Coupes et la Coupe de l'UEFA, le club de la capitale n'avait pas vraiment goûté à la C1. C'est donc chose faite avec ce début de phase de groupes de la Ligue des champions, rebaptisée ainsi depuis deux ans. Avec, au final, dans le 3-5-2 de Luis Fernandez et non son 4-4-2 habituel, une prestigieuse victoire sur le Bayern : 2-0, après deux corners de Valdo, et des buts de George Weah et Daniel Bravo. Devant, pourtant, un Parc des Princes loin d'avoir fait le plein (36 924 spectateurs). Le premier succès européen d'un club français face à un club allemand depuis la saison 1980-81 et les victoires stéphanoise et sochalienne sur Hambourg et Francfort. Avant ce PSG-Bayern, le bilan français face aux formations d'outre-Rhin en Coupes d'Europe était de quatre victoires pour... 21 défaites.

Un Bayern amer et touché

Le seum n'a pas été inventé par la Belgique un soir de demi-finales de Coupe du monde en 2018. Non, il existe depuis bien plus longtemps dans le football. Prenez plutôt le Bayern Munich au soir de cette défaite face au Paris Saint-Germain. Outre Lothar Matthäus (voir plus bas) qui estime que son adversaire du soir a eu de la chance, Thomas Helmer s'en prend à George Weah : «En Bundesliga, il y a de meilleurs avants-centres que lui.» Néanmoins, Franz Beckenbauer est à l'époque plus clairvoyant sur son équipe : «Elle a manqué de combativité, d'enthousiasme, de concentration. Elle n'a pas disputé un match de Coupe d'Europe.» Un Bayern qui, en plus de voir Mehmet Scholl repartir avec quinze points de suture à un genou, voit des "supporters" parisiens jeter des pierres et ainsi briser des vitres de leur bus à leur départ de l'enceinte. Des affrontements entre "supporters" avaient d'ailleurs eu lieu avant la rencontre du côté de la Porte de Saint-Cloud, pour une vingtaine d'interpellations.

Le coup de pression de Franz Beckenbauer

Historiquement attaché au Bayern Munich, avec qui il a effectué la grande majorité de sa carrière, Franz Beckenbauer est intronisé président du club bavarois à l'automne 1994 à la place de Fritz Scherer. Le Bayern est alors champion d'Allemagne en titre mais n'a plus gagné la C1 depuis 1976. Surtout, la saison en cours est bien plus délicate pour Mehmet Scholl et les siens : une faible huitième place en Bundesliga (à six points de Dortmund) et une campagne de Ligue des champions compliquée. Avant cette cinquième journée de la phase de poules et la réception d'un PSG déjà qualifié avec quatre victoires en quatre matches, Munich ne compte que cinq points et reste sous la menace du Spartak Moscou et du Dynamo Kiev. Au point que Beckenbauer lâche, en mode coup de pression : «Le match contre le PSG est le plus important de l'histoire du club.»

La petite passe d'armes entre Matthäus et Fernandez

«Le PSG a eu de la chance. Je n'ai pas été impressionné.» Au soir de la première manche de ce groupe au Parc des Princes avec la victoire parisienne grâce à George Weah et Daniel Bravo, Lothar Matthäus n'avait pas franchement goûté au style de son adversaire. Des paroles pas oubliées par Luis Fernandez, le coach parisien, à l'heure du match retour en Bavière alors que le Bayern est dans une situation bien inconfortable et que Matthäus vient, le week-end précédent, de faire parler de lui en lançant à l'arbitre de Karlsruhe-Bayern «qu'il avait dû toucher une forte prime des gens de Karlsruhe pour avoir été si mauvais». «Depuis deux mois, j'ai été plus impressionné par mes joueurs que par Matthäus, ironise Fernandez. Jusqu'à preuve du contraire, le Bayern n'a pas gagné à Moscou et il n'a pas encore gagné à Kiev. Nous, si.»

«Libérez Cacolac !»

Pour ce match de la 5e journée, Jean-Pierre Papin revient enfin de blessure pour tenter de sortir sa nouvelle équipe, qu'il a rejoint l'été précédent, d'une situation bien délicate. Pourtant, la copie rendue par les hommes de Giovanni Trapattoni sera très insuffisante, si ce n'est trop neutre pour véritablement perturber Bernard Lama et la défense parisienne. Ainsi, dans le stade Olympique de Munich, les supporters du Bayern n'hésitent pas à siffler les leurs quand, de leur côté, les fans parisiens présents sur place chambrent l'ancien attaquant de l'OM à coup de «Libérez Cacolac !» Référence au personnage de Papin joué dans Les Guignols, qui se moquaient du Français.

Weah, insistant et tellement brillant

Les joueurs qui veulent disputer tous les matches, ça ne date pas du XXIe siècle. Regardez plutôt le contexte de ce match retour entre le Bayern et le PSG. Déjà qualifié, Paris se pointe en Bavière avec, dans l'esprit de Luis Fernandez, l'intention de faire tourner son effectif. Pas franchement du goût de Goerge Weah qui vise le classement des buteurs de la Ligue des champions (4 buts jusque-là). En début de semaine, il a même une discussion avec son entraîneur à ce sujet. Sujet clos : Weah sera sur le banc. «Je vais rentrer et je vais marquer», dit-il à son coach. «Tu marqueras à Bordeaux» le week-end suivant, lui répond Fernandez. Un quart d'heure après avoir remplacé David Ginola, et alors que les deux équipe sont à 0-0, Weah est alerté par Patrick Colleter, un relais avec Pascal Nouma, un Bavarois éliminé, puis un deuxième, un crochet puis une frappe extraordinaire dans la lucarne d'Oliver Kahn. Un but pour l'histoire. Au bout du compte, le PSG soulagera le Bayern lors de la dernière journée en empochant son sixième succès en six matches face à Moscou (4-1), permettant aux Allemands de prendre la deuxième place à la faveur d'une large victoire à Kiev (4-1 également).

Elber aurait pu être des leurs

Parisiens et Bavarois se retrouvent trois ans plus tard au même stade de la compétition. Dans le groupe E de cette Ligue des champions 1997-98, les deux équipes figurent avec le Besiktas et Göteborg. Direction Munich lors de la troisième journée pour un PSG qui vient de chuter et de décevoir à Istanbul. Les hommes de Ricardo vont, sous les yeux d'Aimé Jacquet, le sélectionneur, venu observer les internationaux, faire encore pire en Bavière avec une fessée : 5-1 ! Avec un doublé de Giovane Elber qui se fait de plus en plus un nom à un haut niveau en Europe. Lui qui aurait pu être dans le camp d'en face : «Ricardo m'avait appelé à Stuttgart (son club avant de rejoindre le Bayern), mais, à ce moment-là, c'était trop tard, tout était bouclé avec le Bayern, détaille-t-il alors. Dommage ça aurait été super pour moi de jouer dans cette équipe (...) J'aurais choisi Paris à 100% si Ricardo avait appelé plus tôt. A l'époque, il y avait Leonardo et jouer à ses côtés et à ceux de Rai sous la direction de Ricardo aurait été fantastique.»

Le contrôle positif de Guérin

C'est ce qui s'appelle une journée et une soirée noire de bout en bout. Cinq buts dans la besace, une qualification pour les quarts de finale largement remise en cause, des supporters munichois qui scandent des «Merci Paris» alors qu'on est loin de la fin de partie, un Christophe Revault absolument catastrophique avec deux buts donnés après un contrôle manquée et une relance dans les pieds allemands... Andreas Köpke, le gardien de l'OM, le grand rival, disait d'ailleurs avant la partie à quelques semaines de PSG-OM : «La chance du Bayern, c'est Revault : il est encore trop inexpérimenté.» Et ce n'est pas tout : du voyage pour Munich, Vincent Guérin reçoit un coup de téléphone de sa femme en début d'après-midi qui lui annonce qu'il a été contrôlé positif au nandrolone, un stéroïde anabolisant. «Je suis vraiment tombé des nues quand j'ai appris que ça me concernait. Si ce n'était pas ma femme, j'aurais cru à une plaisanterie (...) C'est aberrant et incohérent. J'aurais préféré mettre un terme à ma carrière plutôt que de me doper.» A l'époque, les cas se multiplient dans le sport et dans le foot. Cyrille Pouget, Dominique Arribagé ou Antoine Sibierski font également partie des joueurs contrôlés positifs.

Une pub, oui, deux pubs, non

On est très loin de notre époque actuelle. En cette année 1997, le Bayern Munich et le Paris Saint-Germain sont tous les deux sponsorisés par la marque Opel. Sauf que le réglement de l'UEFA interdit alors que deux clubs opposés affichent le même partenaire. Ainsi, au stade Olympique, le PSG se présente avec un maillot vierge de tout sponsor. Et vice-versa lors du match retour quelques semaines plus tard. A noter que dès la saison suivante, cette règle sera abrogée.

L'OM donne des ailes

Au retour, au Parc, le Paris Saint-Germain n'a pas le choix : s'il veut encore croire à la première place ou à celle du meilleur deuxième (à l'époque, chaque premier de groupe et les deux meilleurs deuxièmes passaient en quarts), il doit battre le Bayern au Parc. Dans une semaine électrique puisque le dimanche suivant, c'est l'OM qui rend visite pour le choc toujours très, très attendu de la D1. «L'OM reste la priorité», dit même Florian Maurice quelques jours avant la venue de Munich. «Je vais lui expliquer que ce n'est pas ça», répond Ricardo avec le sourire. Au Parc, quelques heures après un café salvateur autour de Rai à l'hôtel des Parisiens de Saint-Quentin-en-Yvelines, le PSG fait tomber le Bayern pour le 1000e match de la carrière d'entraîneur de Giovani Trappatoni (3-1). Au terme de cette phase de poules, et malgré trois victoires sur les trois derniers matches, Paris ne passe pas en quarts à la différence de buts (+1 pour les Parisiens, +4 pour la Juventus).

Le spleen d'Okocha

Décidément habitués à se retrouver tous les trois ans, le PSG et le Bayern sont de nouveau dans le même groupe en 2000. Au bout du compte, deux matches disputés, et une victoire parisienne au Parc dans les arrêts de jeu grâce à Laurent Leroy (1-0), et un succès bavarois en Allemagne (2-0 ; buts de Hasan Salihamidzic et de Paulo Sergio). Au cours d'une période marquée par les grandes difficultés de Jay-Jay Okocha, qui peine à confirmer sa saison précédente. Ainsi, le Nigérian, pas franchement dans les plans de Philippe Bergeroo, se blesse lors du dernier entraînement avant le match aller, avant d'être sur le banc jusqu'à la 71e minute au retour. Et de lâcher, après la défaite en Bavière : «Moi, je pense que si nous avions joué avec un meneur de jeu, Nicolas (Anelka) aurait eu la possibilité de marquer.» Au bout de cette phase de poules, le PSG termine encore derrière le Bayern mais se qualifie pour la seconde phase de groupes où il finira dernier, pendant que Munich montera sur le toit de l'Europe après une finale remportée face à Valence.

L'argent du «nouveau-né» fait parler

Il a fallu ensuite attendre plus de quinze ans avant de revoir un PSG-Bayern en Ligue des champions. C'était en 2017, quand le duo franco-allemand figurait dans le groupe B avec le Celtic et Anderlecht. Avec un premier rendez-vous au Parc des Princes pour le compte de la deuxième journée. Et avec un Bayern qui n'hésite pas à pointer du doigt les millions dépensés par le Paris Saint-Germain l'été précédent pour attirer Neymar et Kylian Mbappé. «Le temps viendra où tous ceux qui dépensent autant d'argent ne pourront même plus se payer de baguette, car le succès ne sera pas à la hauteur de ce que les sponsors ont imaginé», promet Uli Hoeness. Quand Karl-Heinz Rummenigge chambre Paris : «Je suis ravi de cette opposition parce que c’est un match de prestige. C’est le choc de deux cultures. D’un côté, un nouveau-né, et nous, l’ancien club. J’ai également une relation relativement bonne avec leur président. C’est un gars du Qatar. Il est sympathique, mais il veut toujours gagner.» La question de l'argent est même évoquée par les supporters du Bayern qui, dans les travées du Parc, affiche une banderole : «75 euros le billet ? Nous ne sommes pas Neymar. Les prix des places doivent être raisonnables.»

Le sabotage de Carlo

Ce PSG-Bayern a en tout cas marqué l'ère parisienne en Ligue des champions sous QSI. Auteur d'un match complet, dans le sillage d'un excellent Kylian Mbappé, le Paris Saint-Germain s'impose aisément 3-0. De quoi accabler des Bavarois en plein crash. Avec, à sa tête, un Carlo Ancelotti qui ne va pas survivre à cette débâcle. Le lendemain après-midi, le Bayern lui indiquait la sortie. Avec des choix qui ont fait énormément parler pour cette partie face à son ancienne équipe : Jérôme Boateng, Mats Hummels, Franck Ribéry, Arjen Robben : ils étaient tous sur le banc au coup d'envoi. «Un entraîneur ne peut pas avoir les plus grands joueurs contre lui», affirme Uli Hoeness. Quelques semaines plus tard, Carlo Ancelotti livrait ses vérités : «Lorsque les dirigeants ne protègent pas leur entraîneur, c’est qu'il est mort. C’est exactement ce qui m’est arrivé à Munich. On m’a demandé de modifier ma méthode de travail, ce que j’ai aussitôt refusé. Que voulez-vous faire lorsque des joueurs importants foncent dans le bureau des dirigeants pour faire part de leur frustration et qu’ils sont protégés par leurs patrons. Du coup, le coach n’a plus de crédit dans le vestiaire. C'est ensuite impossible de s’en relever.»

Quand Dani prend l'averse

Débarqué au PSG pour apporter sa riche expérience, Daniel Alves avait complètement coulé lors du match retour de cette année 2017. Pour la sixième et dernière journée de la phase de poules, et alors qu'il venait de subir sa première défaite de la saison à Strasbourg, Paris ne devait pas se rater pour sécuriser sa première place. En Bavière, les troupes d'Unai Emery devaient aussi confirmer leur nouveau statut européen. Ce fut tout le contraire. Une défaite 3-1 au cours de laquelle Daniel Alves effectuait sa plus mauvaise prestation avec le maillot parisien. Pourtant attendu dans ce genre de rencontres, l'ancien du Barça était dépassé quasiment en permanence par les Franck Ribéry et Kingsley Coman. Il y avait bien quelques interventions, mais elles se comptaient sur les doigts d'une main. Imprécis, il couvrait même Robert Lewandowski sur l'ouverture du score du Bayern. Pas remplacé à la pause et légèrement mieux après le repos, il reprenait vite l'eau, avec notamment ce débordement tout en vitesse de Coman, qui servait ensuite Corentin Tolisso pour le 3-1, avec un Alves encore en retard.

Une finale qui demande revanche

Tout ou presque a été écrit sur la finale du Final 8 en août dernier. A Lisbonne, sans Marco Verratti, pas assez remis, au coup d'envoi, le PSG butait sur un immense Manuel Neuer et était crucifié par un ex, Kingsley Coman, buteur juste avant l'heure de jeu. Thiago Alcantara en métronome délicieux, et des stars parisiennes qui, à l'image de Neymar, n'avaient que leurs yeux pour pleurer. Pour le tout dernier match de la carrière de Thiago Silva avec le maillot du PSG. On ose imaginer qu'une soif de revanche en anime certains avant les retrouvailles ce mercredi...

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