(L'Equipe)

Marseille-Rennes : que retenir de la première de Jorge Sampaoli ?

Un but tardif de Michael Cuisance a permis à Jorge Sampaoli de démarrer son aventure marseillaise avec une victoire devant Rennes (1-0). Et au-delà du score, la patte de l'Argentin s'est déjà fait ressentir.

Les premières influences de Sampaoli

«Je veux que les joueurs voient le match contre Rennes comme une opportunité de changer de philosophie, d'avoir une réflexion sur eux-mêmes.» Mardi, lors de sa présentation face aux médias, Jorge Sampaoli avait prévenu : le changement, c'est maintenant ! Et il ne fallait pas être aveugle quand les compos d'équipes sont tombées à une heure du coup d'envoi : avec Leonardo Balerdi, Alvaro Gonzalez et Duje Caleta-Car alignés, l'OM basculait dans un système à trois défenseurs centraux. Pour une organisation globale en 5-3-2. Une première pierre pour une nouvelle impulsion. À noter que l'Argentin a visiblement eu l'envie de tester à grande échelle. Dario Benedetto, Luis Henrique, Michael Cuisance et Christopher Rocchia sont tous entrés en jeu. Et les trois premiers cités ont eu toute leur importance sur le but de la délivrance. Dernière influence : l'envie offensive du nouveau coach olympien. Alors que son équipe laissait de plus en plus Rennes pénétrer dans ses trente derniers mètres, Sampaoli n'hésitait pas à effectuer des changements sur sa partie offensive. Et cela a fini par payer. «Ce nouveau système va beaucoup nous aider, reconnaissait Cuisance sur Canal+ après la rencontre. On va beaucoup plus attaquer et beaucoup plus marquer, car il (NDLR : Sampaoli) va nous mettre beaucoup plus en confiance. C'est un coach que tout joueur aime avoir car il aime attaquer et marquer. C'est comme ça qu'on se fait plaisir.»

BCG, le bon vaccin ?

La pensée est banale mais l'OM doit aussi savoir retrouver une assise défensive pour se remettre la tête à l'endroit et enchaîner une série de matches positifs. C'est ainsi que Balerdi, Caleta-Car et Gonzalez, la B-C-G, composaient donc l'arrière-garde olympienne face au Stade Rennais, avec Pol Lirola et Yuto Nagatomo très haut sur les ailes. Une organisation défensive rarement vue à l'OM depuis Marcelo Bielsa, si ce n'est à quelques reprises sous Rudi Garcia. Désormais, les supporters marseillais risquent fort de devoir s'y habituer. Face à Rennes, cette défense à cinq a globalement tenu bon, notamment au cours d'une bonne première période avec très peu de frappes concédées. On a par exemple observé un Balerdi très à l'aise. Il faudra néanmoins regarder le travail défensif d'ensemble sur 90 minutes. Dans un dernier quart d'heure plus débridé, Alvaro Gonzalez a pu voir flou sur la barre transversale de Martin Terrier (75e). D'un coup, le seul Kamara, en "vrai" profil défensif au milieu était peut-être insuffisant et cela aurait pu coûter cher.

Agressivité, pressing, intensité

«Au-delà du côté psychologique et de la crise que traverse le club, il faut revenir aux fondamentaux, à un certain rythme, une certaine envie.» Des mots signés Jorge Sampaoli et une nouvelle mentalité qui s'est très rapidement vue. Il y avait longtemps en effet qu'on n'avait pas observé un collectif marseillais plutôt bien coordonné dans son pressing, parfois très haut. Un pressing mêlé à une intensité certaine. Il fallait voir comment un Caleta-Car sortait très haut, et efficacement, au-delà de sa ligne médiane, sur Serhou Guirassy pour récupérer le cuir et provoquer une faute derrière (27e). Ou encore les efforts constants de Florian Thauvin (voir ci-dessous). Tout ceci demande encore plus de coordination, bien sûr, mais au bout d'à peine deux jours de collaboration sous Sampaoli, ça donne envie de voir la suite.

Thauvin, le marathonien

Il a parcouru 12,07 kilomètres face aux Rennais, de loin le plus haut total des Marseillais (devant Boubacar Kamara, 11,03 km). On a très rapidement compris que Florian Thauvin était responsabilisé, et pas qu'un peu, par son nouvel entraîneur. D'abord, l'ancien Bastiais venait se placer au milieu, au même niveau que Saîf-Eddine Khaoui pour ensuite se projeter. Mais sa zone d'activité était large. Capable de venir très proche de la ligne de touche, épaulé par un bon Lirola qui lui proposait des solutions, Thauvin s'illustrait également dans son travail défensif. Un pressing, comme ses coéquipiers, intense et des retours défensifs bienvenus. De quoi certainement lui rappeler l'époque Bielsa. Et du coffre, Thauvin en a eu jusqu'au bout. Alors qu'on aurait pu penser qu'il perdait en sang-froid sur ses deux opportunités du début de seconde période, le champion du monde 2018 ne lâchait pas. À l'image de ses coups de rein pour des centres dans le dernier quart d'heure. Et il ne faut surtout pas oublier son travail sur le but de Michael Cuisance. Son coup d'accélérateur enchaîné à sa passe pour Boubacar Kamara ont été déterminants.

Des attitudes différentes, tout simplement

Cela va de soi : quand on est dans son élément, on est tout de suite mieux. Ainsi, même si ce n'est qu'un premier match, on a rapidement senti les Lirola (dont la position moyenne pendant la rencontre a été au-delà de sa ligne médiane !), Thauvin, Nagatomo ou Payet très à l'aise. Le Réunionnais trouvait par exemple son utilité. Placé très haut, quasiment à la hauteur de Milik, Payet parvenait à alterner et ainsi venir chercher le ballon tel un numéro 10. Et avec sa technique qu'il n'a pas perdue, il pouvait très vite faire mal en une ou quelques touches pour lancer certaines actions. C'est ainsi qu'on l'a parfois vu, notamment dans le premier acte, faire le bon décalage. Quant à Nagatomo, ce système avec trois centraux lui permet peut-être de défendre moins vigoureusement. Plus haut, le Japonais pouvait plus vite se projeter et ainsi trouver son utilité. Sa qualité de centres a par exemple été appréciable. Mais on aurait tendance à vite avoir envie de voir un Jordan Amavi dans ce type de configurations. Et que dire enfin d'un Boubacar Kamara en mode patron. Déjà auteur d'une saison aboutie, le Marseillais a semblé régner sur le milieu, tel un taulier. Ses récupérations et ses placements ont très souvent été bons.