eyraud (jacques henri) (S.Mantey/L'Equipe)

Olympique de Marseille : Comment Jacques-Henri Eyraud a contraint Frank McCourt à l'écarter

Les supporters de l'Olympique de Marseille n'en pouvaient plus des méthodes employées par celui qui était arrivé en 2016. C'est notamment en se coupant de la base que le désormais ex-président Jacques-Henri Eyraud a provoqué sa propre chute.

Un manque d'humilité

Cela relève du poncif mais personne n'est encore parvenu à se départir de l'écueil : en football, il n'y pas de recette miracle. Problème, Jacques-Henri Eyraud a constamment agi comme s'il connaissait, lui, la liste des ingrédients du succès. Sans jamais tenir compte des particularismes locaux - nous y reviendrons -, on ne compte plus le nombre d'interventions durant lesquelles il a décontenancé ses interlocuteurs par le ton employé. Sans avoir jamais exercé de mandat dans le monde du foot, JHE donnait régulièrement l'impression d'être atteint d'une sorte de complexe de supériorité. Au point de proposer... de nouvelles règles pour le sport le plus populaire de la planète. En octobre 2018, Eyraud soumet ainsi une idée : et si les buts marqués depuis l'extérieur de la surface comptaient double ? Si ce type de pensée a pu en séduire certains dans un premier temps, un manque d'humilité a rapidement été reproché au désormais ex-président de l'Olympique de Marseille.

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Le paradoxe des dépenses

Début février, deux de nos journalistes résumaient le paradoxe de la façon suivante : «En 2016, Jacques-Henri Eyraud endossait le paletot de président à la fois en manager à l'américaine passé par les meilleures business schools et en expert au service d'un entrepreneur milliardaire d'outre-Atlantique. Tout, de la veste cintrée au vocabulaire laisse alors présager un homo economicus qui s'y connaît en lignes de crédits et en dépenses raisonnées. Aujourd'hui, l'intéressé peut, à juste titre, brandir de probants résultats dans divers services de l'OM. Sauf que l'équilibre économique d'un club dépend en premier lieu de sa masse salariale, un domaine où JHE accumule les ratés. Certes, il n'y connait pas grand-chose en foot, mais un coup de fil en 2018 à n'importe quel connaisseur du marché l'aurait avisé que Kevin Strootman avait les genoux en vrac, ce qui aurait évité un achat à 25 millions d'euros et 500 000 euros de salaire brut mensuel sur cinq ans.» Même constat concernant un Kostas Mitroglou qui émargeait à... 300 000 euros ! Nous ne parlerons pas ici des contrats offerts à Dimitri Payet mais le Réunionnais a également été (très) bien servi. Au point de prolonger jusqu'en 2024 quand Florian Thauvin partira, lui, libre dans quelques mois.

L'ADN marseillais ? Quel ADN ?

La déclaration de trop ? Celle-ci n'aura en tout cas jamais été vraiment digérée par les fans olympiens. «Quand je suis arrivé à Marseille, j'ai été frappé de voir que 99% des collaborateurs du club étaient marseillais, lance Eyraud en décembre dernier. C'est un danger et c'est un risque. Après une série de défaites, j'ai vu que les visages se refermaient, les dépressions étaient proches. En termes de productivité l'impact d'une défaite sur les attitudes et les comportements des collaborateurs étaient forts et cela, ça ne va pas.» La pilule ne peut être avalée par les fans de l'OM, qui ont beaucoup de mal avec la sortie de celui qui est accusé par certains d'être un... pur Parisien. Un passif résumé de la façon suivante par Eric Di Meco, vainqueur de la C1 avec Marseille en 1993, sur les ondes de RMC : «Il a travaillé dans des médias que l'on connaît où il était identifié comme supporter du PSG et il s'en vantait...» Vous avez dit incompatibilité manifeste ?

Le flou artistique du projet sportif

L'idée initiale au moment du premier grand discours ? «Pas de trading !» Hors de question d'emprunter la même voie que celle empruntée par le LOSC de Gérard Lopez. Hors de question de faire la même chose que de nombreux clubs européens ne disposant pas d'un investisseur aux ressources inépuisables. Le premier étage de la fusée est ainsi bien différent de celui de Lille : en faisant venir des joueurs de la trempe de Payet, Eyraud entend remplir le Vélodrome et renouer avec la Ligue des champions. Problème, le stade ne vibrera - intensément, certes - qu'en C3, en 2018. Et la qualification pour la C1 de la saison passée ne change pas grand-chose au plantage général. Car trois ans après l'arrivée de JHE, l'OM n'a-t-il pas fini par recruter un directeur sportif spécialiste de l'achat-revente ? Après avoir constaté que son effectif ne comprenait quasiment plus d'actifs, conséquence de ses deux premières années à la tête du club, Eyraud a réalisé à contre-temps qu'il fallait opérer un virage à 180 degrés. En bref, son OM a souvent donné l'impression de naviguer à vue et le changement de cap est intervenu beaucoup trop tard.

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