Soccer Football - La Liga Santander - Cadiz v Atletico Madrid - Estadio Ramon de Carranza, Cadiz, Spain - January 31, 2021 Atletico Madrid's Saul Niguez celebrates scoring their second goal with teammates REUTERS/Jon Nazca (Reuters)

Pourquoi l'Atlético Madrid tourne-t-il aussi bien cette saison ? 

L'Atlético Madrid connaît l'un de ses meilleurs exercices depuis son titre de champion d'Espagne en 2014. Contre Chelsea en huitièmes de finale de Ligue des champions, les Colchoneros comptent bien mettre à profit les ingrédients qui font leur réussite cette saison. 

Ils étaient du Final 8 de Lisbonne cet été. Après un exploit retentissant en éliminant le champion d’Europe en titre, Liverpool, à Anfield (4-2 au cumulé), les Rojiblancos s’étaient inclinés contre Leipzig en quarts de finale (1-2). Cette saison, c’est un Atlético Madrid transfiguré qui se présente pour la confrontation aller avec Chelsea, délocalisée à Bucarest. Grâce à une identité de jeu bonifiée par l’arrivée de Suarez ou la grande forme d’individualités déjà présentes dans l’effectif, les Colchoneros ont marché sur l’Espagne depuis le début de la saison. Le coup de mou qui les saisit en ce mois de février (une seule victoire sur les quatre derniers matches) ne semble pas inquiéter Diego Simeone et les siens, qui devront se passer de Carrasco et Gimenez ce mardi soir. Si le coach voit en Chelsea «un adversaire de qualité pourvu d’excellents joueurs», il peut surtout se reposer sur les forces de son Atléti pour se hisser en quart. FF dresse un bilan des raisons qui rendent les Madrilènes si redoutables. 

- Luis Suarez en entretien dans FF : «Je méritais un certain respect»

Simeone a su faire évoluer son jeu...

Lui qui vouait presque un culte au classique 4-4-2 a fini par voir que l’herbe était plus verte ailleurs. Cette saison, le coach argentin s’est parfaitement adapté aux qualités de son effectif et a opté pour un 3-5-2. Une innovation pour une équipe habituée à construire ses victoires sur une solide assise défensive. Avec ce système, l’Atlético est plus joueur, plus dangereux, et ne laisse plus la possession à son adversaire. Les longs ballons de l’arrière-garde vers l’attaquant de pointe se sont transformés en relances courtes, favorisées par les qualités d’Hermoso, dont raffolent les profils percutants et joueurs de ballons comme Koke, Saul, Llorente ou Lemar. Une nouvelle philosophie de jeu qui fait tourner à plein régime l’attaque madrilène. Avec 45 buts marqués en 23 rencontres (1,95 buts par match), les Matelassiers ont déjà presque autant scoré que lors des deux saisons précédentes (51 réalisations l’an passé, 55 en 2018-2019). Le replacement de Llorente y joue aussi pour beaucoup. L’ancien milieu défensif est intenable cette saison : il est l’élément le plus décisif de l’Atlético (huit buts pour sept passes décisives en Championnat). 

... sans renier ses fondamentaux 

On ne change pas une équipe qui gagne non plus. Si la traditionnelle formule du «on marque un but et on ferme la boutique» ne sied plus vraiment à cet Atlético 2020-2021, El Cholo tient néanmoins à ce qui fait l’ADN des Colchoneros, six fois meilleure défense de Liga sur les huit derniers exercices. En cette saison sans supporter dans le Wanda Metropolitano, les tourelles rojiblancos préservent les cages d’Oblak. L’Atléti est actuellement la plus solide muraille, en compagnie du FC Séville, avec un ratio de 0,69 buts encaissés par match (16 unités). Une moyenne en phase avec ses deux exercices précédents (0,71 en 2019-2020 ; 0,76 l’année d’avant). Hormis le revers subi en C1 contre le Bayern à Munich (4-0), l’Atlético n’a jamais perdu par plus de deux buts d’écart, et n’a essuyé que quatre défaites toutes compétitions confondues. 

Luis Suarez, le profil manquant 

L’Uruguayen s’est brutalement fait mettre à la porte par un Barça souhaitant rafraîchir son effectif, et surtout par un Ronald Koeman qui ne voulait plus du joueur. Parti en larmes de Barcelone, Luis Suarez a désormais retrouvé le sourire du côté de Madrid. Seul attaquant de pointe de l’Atlético depuis le départ de Diego Costa, en décembre, El Pistolero a recouvré son efficacité. En 20 matches de championnat, il a déjà inscrit 16 buts (0,80 but par rencontre) et s’affiche en haut de classement des réalisateurs avec son ex-coéquipiers Lionel Messi. Sixième joueur le plus utilisé par Diego Simeone en Liga, l’ancien de Liverpool colle parfaitement à l’image hargneuse de l’Atlético et a favorisé la transformation de jeu opérée par l’Argentin. «Je crois que tout ce changement de style est dû à la présence de Suarez», a même déclaré El Cholo en amont du match au Lokomotiv Moscou, en phase de poules de Ligue des champions. Moins chercheur d’espaces que ne pouvait l’être Diego Costa, Suarez attire les ballons à lui et n’hésite pas à faire jouer ses partenaires avec ses déviations pour les fusées Félix, Llorente ou Carrasco.  

Luis Suárez a marqué 16 buts lors de ses 17 premiers matches pour l'Atlético de Madrid en Liga, devenant ainsi le joueur le plus rapide à atteindre 16 buts pour le même club dans la compétition, au 21e siècle (Cristiano Ronaldo - 15 buts pour le Real Madrid en 2009/10). Incroyable. 

Joao Félix enfin épanoui 

Il a connu une première expérience espagnole difficile. Arrivé avec le poids de 127 millions d’euros sur les épaules, et la tâche de faire oublier Antoine Griezmann, le Portugais a sans doute été trop écrasé par cette pression. Mais depuis le début de saison, le numéro 7 de l’Atléti retrouve les qualités qui l’ont conduit à être adulé par les fans du Benfica. Son aisance technique, alliée à la métamorphose du jeu initié par Simeone, ont fait de lui une pièce maîtresse des Colchoneros. Disponibilité, jeu en une touche, le joueur de 21 ans s’épanouit grâce à son repositionnement sous l’attaquant. L’arrivée de Suarez lui a en plus ôté certaines responsabilités offensives. Un soulagement pour le gamin de Viseu qui a également pris en maturité, devenant plus tueur dans les moments importants. Il a déjà égalé son bilan de la saison dernière avec neuf buts et quatre passes décisives toutes compétitions confondues (contre neuf et deux la saison passée). Auteur d’un début de saison canon, inscrivant notamment un doublé contre Salzbourg (3-2), il ne semble pas encore pleinement remis du Covid - après l'avoir contracté début février, il a renoué avec la compétition il y a tout juste une semaine - et affiche des performances en deçà de son talent. 
 

Oblak toujours aussi décisif 

Ce n’est un secret pour personne, mais Jan Oblak est pour beaucoup dans la solidité défensive de l’Atlético depuis son arrivée en 2014. Après avoir sorti Liverpool à Anfield, en huitièmes de finale de la dernière C1, Simeone avait comparé le Slovène à un Lionel Messi des gardiens, et assuré avoir «le meilleur gardien de but au monde». Encore une fois, cette saison, on ne compte pas les arrêts réalisés. En novembre, selon Opta, Oblak présentait un pourcentage monstrueux de 92% de tirs arrêtés en Liga. Il s’est notamment illustré en détournant un missile de Benzema en décembre lors du derby de Madrid (0-2), ou en repoussant une reprise de Clerc à Levante (1-1). Là où l’ancien portier du Benfica fait forte impression, c’est dans sa faculté à rester concentré. Pas souvent mis à contribution, puisque bien protégé par une défense hermétique, le Slovène sait être décisif au moment requis. Ce n’est pas étonnant s’il est parvenu à garder la cage des Colchoneros inviolée pendant 14 rencontres sur 29 disputées, toutes compétitions confondues. 

Gardiens de but auteurs du plus grand nombre d’arrêts en Liga cette saison : Jaume Doménech (16 buts concédés).