andre (benjamin) neymar (S.Mantey/L'Equipe)

PSG-Lille : Le mur du Nord et des Lillois très mûrs

Il paraît que le football est un sport collectif. Ce PSG-Lille en a été un sacré symbole. Au terme d'une performance d'équipe de tout premier plan, le LOSC s'est mis sur la voie royale pour le titre. Retour sur la prise du Parc.

Ce 3 avril pourrait bien rester dans l'histoire du LOSC, et pour longtemps. Car à sept journées de la fin, les hommes de Christophe Galtier ont envoyé un grand message au champion de France en titre et à la concurrence. Pour éviter de voir les Dogues devenir nouveaux rois de France, il va falloir, pour Wissam Ben Yedder, Kylian Mbappé, Memphis Depay et consorts effectuer un sans-faute d'ici mai et surtout espérer un faux-pas, si ce n'est deux, des pensionnaires de Pierre-Mauroy. Mais cette victoire, à défaut, oui, d'être hyper spectaculaire, est un marqueur fort de la saison nordiste. Avec le sentiment que ce collectif a atteint la maturité nécessaire pour aller au bout. Maturité que cherche encore visiblement Neymar, expulsé bien bêtement en fin de partie. Alors qu'on revenait à peine d'une trêve internationale éreintante pour de nombreux internationaux, Lille a su se reconcentrer très vite dans cette Ligue 1 pour frapper un énorme coup.
 
Surtout, dans une enceinte où il avait été fessé il y a moins de deux semaines en Coupe de France (3-0), le LOSC a retrouvé les valeurs qui avait fait de lui une machine entre début janvier et février où il gagnait tout et n'encaissait aucun but. Une victoire d'équipe face à une équipe d'individualités serait-on tenté de dire facilement. Mais ce fut vraiment ça. Et quand le collectif l'emporte, en football, franchement, ça nous va, et c'en est presque rassurant. Il est absolument impossible de dégager un seul joueur majeur pour le LOSC tant chacun a apporté une véritable pierre à l'édifice. Avec les propos de Benjamin André après le match sur Canal+ qui symbolisaient le tout : «On a retrouvé certaines valeurs qu'on avait par moment perdu. Le LOSC, c'est un gros collectif, un gros bloc. Quand on est tous concentrés et qu'on se bat les uns pour les autres, on est impassables

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Renato Sanches en mode sacrifice

Titulaire et si déterminé à revenir à un très haut niveau qui avait fait de lui un joueur majeur en début d'exercice, Renato Sanches n'a pas disputé le match de ses rêves. Il a sacrifié ses envies de possession, de passes décisives ou de football plaisir pour enchaîner les efforts. Plus de neuf kilomètres parcourus et 106 sprints en 71 minutes passées sur le pré. Pourtant, la rencontre avait commencé sur la pointe des pieds pour lui. Aligné sur l'aile droite, poste qu'il a peu occupé chez les Dogues, globalement, Sanches était comme perdu. Lille n'ayant pas vraiment le ballon (plus de 80% de possession pour Paris en début de match), le Portugais n'avait pas la possibilité de se rendre disponible. Quand, dans un second temps, son investissement défensif était inexistant. Pourtant, son implication dans ce registre était essentielle, notamment devant un Tiago Djalo titularisé latéral droit et qui peinait quelque peu en début de partie avant de très bien se reprendre. Il a été d'ailleurs étrange de ne pas voir Paris insister sur ce côté en première période.

Pressé très rapidement par Abdou Diallo, Renato Sanches perdait certains ballons qui donnaient des situations derrière pour le PSG. Sans conséquence, heureusement. Pourtant, et c'est aussi ça qui fait la force d'un grand joueur, Sanches a été appliqué et décisif sur l'unique but de la rencontre. Proche de la ligne et trop peu pressé, pour une fois, par Abdou Diallo, le Portugais avait la vista pour offrir un ballon parfait à Jonathan Ikoné. Derrière, l'international Espoirs trouvait Jonathan David pour le 1-0. Malgré un certain agacement de ne pas être servi assez rapidement par Djalo en seconde période, Renato Sanches ne freinait pas ses courses, jusqu'à même venir défendre dans la surface sur un Neymar qui cherchait laborieusement le penalty (55e).

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Djalo - Reinildo, ailes toniques

Lorsqu'il s'agit de parfois pointer du doigt les quelques lacunes de l'équipe de Christophe Galtier, on évoque souvent les ailes défensives lilloises. Si Zeki Celik avait élevé son niveau après un début de saison brouillon, sur la gauche, entre Reinildo et Domagoj Bradaric, c'est trop souvent sur courant alternatif. Mieux, il est vrai, ces derniers temps, le Mozambicain a livré une prestation de haute-volée à Paris. Oui, Angel Di Maria, fantomatique, l'a bien aidé, mais Reinildo a été d'une concentration extrême et n'a que rarement été pris. Tiago Djalo, son coéquipier du côté droit, mérite d'ailleurs plus de louanges. Car le début de partie aurait pu le faire plonger mentalement. Dans le premier quart d'heure, il peinait à trouver le rythme face à la vitesse des Parisiens et de Kylian Mbappé. Mais dès sa première bonne intervention devant le champion du monde (12e), il était lancé, lui qui avait été aligné avec les absences de Jérémy Pied et de Zeki Celik. Bien aidé par l'exceptionnel Benjamin André, Djalo a montré une sérénité très intéressante alors que le garçon n'a que 20 ans. Le jeu parisien allait très souvent sur son côté, mais on ne l'a quasiment jamais vu paniquer. Sauf quand il s'agissait de remettre en cause certaines décisions de Monsieur Bastien. Son carton rouge en fin de partie gâche bien sûr sa partie, mais ce choc comptera dans sa jeune carrière.

André, le taulier

Dans la catégorie sous-cotée, Benjamin André a son rond de serviette depuis plusieurs années. On ne va pas réclamer sa sélection en équipe de France, mais l'ancien Rennais a livré là un match international. Plus de 11 kilomètres parcourus, huit ballons récupérés, cinq interceptions, six tacles, trois tirs bloqués, une présence pour venir en aide à Djalo, un sang-froid et une concentration de tous les instants. Tout cela avec la bonne application, le bon engagement et la bonne détermination. Toujours filou quand il le faut comme sur certains duels avec Neymar, Benjamin André, aux côtés de qui il ne faut pas oublier le gros match également de Boubakary Soumaré (quand on vous dit que c'est une victoire collective !), est l'un des trois meilleurs à son poste en Ligue 1 cette saison. C'est indéniable.

La heatmap de Benjamin André face au Paris Saint-Germain (OPTA)

Ikoné et les transitions offensives du LOSC

Passeur décisif sur le but de Jonathan David, Jonathan Ikoné a fait du dégât face à son club formateur. Positionné aux côtés de l'attaquant canadien, le gaucher a récupéré pas mal de ballons et a été à l'initiative de plusieurs transitions offensives qui ont souvent fait mal aux Parisiens. Avec certaines d'entre-elles qui auraient mérité un but supplémentaire. «On avait surtout bien préparé le match, expliquait d'ailleurs Benjamin André sur Canal+. Tu sais que contre Paris, tu vas beaucoup courir. Je pense qu'on aurait pu tuer le match. Il y avait une question de duels, de savoir jouer, mais c'était surtout un match tactique, et on l'a remporté tactiquement.» Parmi ces problématiques tactiques, ces transitions ont été un point très important. La vitesse et la précision mises ont souvent fait mal à Idrissa Gueye et consorts.

Maignan, l'arrêt décisif

Tout cela aurait très bien pu voler en éclat dès la 15e minute. Quand Neymar trouvait Kylian Mbappé sur la gauche. Au sortir d'une parenthèse internationale pénible, l'attaquant parisien trouvait la bonne puissance pour armer un tir très dangereux du gauche. Maignan parvenait pourtant à très vite se coucher pour détourner suffisamment le cuir. Peu inquiété derrière, l'international français, qui va vivre, sauf énorme surprise, l'Euro cet été, a été solide. Mais c'est aussi, au-delà de ses arrêts, un véritable patron de jeu. Cela ne se voit pas forcément à la télévision, mais Maignan sait se faire entendre et joue un rôle essentiel dans la dynamique nordiste. Reste que cette victoire sans encaisser de but est le dix-septième (!) clean sheet de Maignan cette saison en 31 sorties. Tout simplement impressionnant.

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Timothé Crépin