gourna douath (lucas) verratti (marco) (B.Papon/L'Equipe)

PSG : Marco Verratti numéro 10, stop ou encore ?

C'était donc le premier "coup" de l'ère Mauricio Pochettino au PSG. A Saint-Etienne, l'Argentin a placé Marco Verratti en position de numéro 10. De quoi nous donner un certain paradoxe. On vous explique.

Il y a cette étrange sensation après avoir regardé ce Saint-Etienne - PSG : d'un côté l'envie de rééditer l'expérience Marco Verratti en numéro 10. De l'autre, la réelle nécessité de vite le voir reculer de nouveau pour prêter main forte à un milieu pas vraiment à son niveau. Dans sa longue histoire vieille de bientôt neuf ans dans la capitale, on n'avait certainement jamais vu une position moyenne aussi haute sur le pré pour l'Italien au cours d'un match. Car au coup d'envoi, dans le 4-2-3-1 de Mauricio Pochettino, celui qui se plaçait au coeur du jeu, en chef d'orchestre avec Angel Di Maria à droite et Kylian Mbappé à gauche, c'était bien Marco Verratti. La nouveauté marquante pour la première de l'ancien entraîneur de Tottenham. Et cela matchait tout de suite.
 
Bien plus haut donc que sa position "naturelle", l'ancien de Pescara était tout de suite très mobile et commençait à avaler les kilomètres. Tout en gardant la lucidité et la vision pour jouer court et long dans le dos des défenseurs stéphanois. Avec précision. Signe qu'il était vraiment prédestiné à évoluer plus haut, il ne faisait pas forcément de courses à haute intensité pour venir aider défensivement comme sur ce contre des Verts (8e). Mais dès lors qu'il avait le cuir dans les pieds, c'est tout le PSG qui s'activait, c'en était parfois criant tant il était le métronome des siens. Métronome rapidement décisif car c'était bien lui, par une habile déviation, qui servait Moïse Kean pour répondre à l'ouverture du score de Romain Hamouma (1-1, 22e). Lui qui, au tout début de l'action, se frustrait de voir le cuir partir sur la droite vers Colin Dagba alors qu'il était plutôt positionné sur la gauche du terrain. Car Verratti a dû prendre ses marques, notamment s'adapter face au bloc solide et imposant de l'ASSE dans le centre du terrain.

Lire : Paris accroché, Pochettino a du boulot

84 ballons touchés à la pause, 144 au final

Infatigable dans son activité, Verratti s'occupait même de faire les touches et se rendait disponible en allant se positionner en tant qu'ailier quand l'un de ses compères occupait l'axe en phase de possession (44e). L'un des exemples flagrants de la Verratti-dépendance parisienne était cette passe de Marquinhos en premier relanceur, qui trouvait directement les pieds des troupes de Claude Puel (40e). Soit le ballon passait par Verratti, soit (quasiment) rien ne se passait. A la pause, Marco Verratti avait touché 84 ballons, pour 92% de passes réussies.

-Débat : Marco Verratti en 10, une option viable ?

A se demander s'il allait pouvoir tenir à ce rythme tant il ne s'arrêtait pas. Après le repos, il continuait sur sa lancée en étant présent offensivement dans la création des actions. Avec quelques gestes et inspirations si douces pour les yeux. Mais il était tout de même moins impressionnant, la fatigue, logique, n'aidant certainement pas. Et la bonne période stéphanoise de l'heure de jeu combinée à l'entrée de Julian Draxler à la place d'Idrissa Gueye le mettaient quelque peu dans l'ombre. Sans pour autant ne pas être à la base de certaines actions comme lors de la frappe au-dessus de Moïse Kean (71e). «Je voulais que Marco Verratti organise le jeu, en étant libre sur tout le terrain pour bien se connecter avec l'équipe, expliquait Mauricio Pochettino à Téléfoot après la rencontre. Compte tenu des blessures, c'était l'équipe la plus équilibrée à présenter.»

«Je voulais que Marco Verratti organise le jeu, en étant libre sur tout le terrain pour bien se connecter avec l'équipe.»

La base du milieu de terrain a trop besoin de lui

Au bout du compte, 144 ballons touchés, 110 passes réussies sur 119. Une réelle impression de positif. Et pourtant. Faut-il vraiment renouveler l'expérience ? Certainement pas en ayant Ander Herrera et Idrissa Gueye derrière lui pour réguler le milieu de terrain. Dans le Forez, le niveau du duo a été un poids pour les Parisiens. Au-delà de l'approximation du Sénégalais (pas aidé il est vrai par la passe de Thilo Kehrer) sur le but stéphanois, Gueye et Herrera ont été trop facilement mis en difficulté par Zaydou Youssouf et leurs homologues. Disons qu'avec un ou deux Marco Verratti de plus sur le terrain, ce PSG irait certainement mieux. Mais avec la perspective du retour de Neymar dans quelques jours, Petit Hibou, à moins d'une nouvelle surprise pochettinesque, va tranquillement revenir à la base du milieu. Sa vraie place. Mais ce Saint-Etienne - PSG montre toujours plus une chose : pour ce Paris qui vit une saison 2020-21 bien tourmentée, afin de viser (très) haut, il lui faut prier pour voir Marco Verratti garder cette forme et, surtout, ne pas pousser la porte une nouvelle fois de l'infirmerie.