
Real Sociedad : tout sauf une surprise
En tête de la Liga après 11 journées, la Real Sociedad est l'équipe la plus enthousiasmante de ce début de saison en Espagne. Et si le club basque profite aussi des turbulences traversées par le Real et le Barça, ses résultats n'ont rien de surprenant.
Comme toute bonne recette repose sur des ingrédients de qualité, la Real Sociedad compte d’abord sur un effectif au talent indéniable. Et en tant que porte drapeau de sa région, le club de San Sebastian fait marcher les circuits courts pour garnir son réservoir de joueurs. Capable de lancer chaque année de nouveaux produits de son centre de formation, le club basque sait aussi dénicher les jeunes pousses ailleurs pour les ajouter à son panier. Pour cette nouvelle saison, la quantité est venue s’ajouter à la qualité afin de répondre aux exigences d’une campagne européenne. Après trois mois de compétition, 22 joueurs de l’effectif professionnels ont déjà pris part à au moins cinq rencontres. Sur son banc, Imanol Alguacil a l’embarras du choix autour d’une ossature jeune et extrêmement talentueuse.
Du talent en nombre
Sur le devant de la scène, Mikel Oyarzabal est en train de prendre une toute autre dimension. A 23 ans, l’Espagnol formé au club est le premier détonateur de son équipe, celui par qui se font les différences. Depuis son aile gauche, le jeune capitaine compte déjà sept buts et deux passes décisives cette année. Plus bas sur le terrain, Mikel Merino est l’autre arme principal de la formation basque. Son chef d’orchestre. Lui aussi international espagnol, il donne le la à une formation dont le rythme collectif n’est jamais aussi fluide que sous sa direction. A la pointe de ce collectif, Alexander Isak ou le plus aguerri Willian José offrent des profils complets, capables de finir les actions comme de participer au jeu. Pour accompagner Oyarzabal sur les ailes, Portu et le très jeune Barrenetxea (18 ans) sont les deux flèches létales sur lesquelles s’appuie énormément Alguacil.
- Toute l'actualité de la Liga
- Le classement
Derrière ces orfèvres, la Real dispose aussi d’un socle défensif solidement ancré. Révélé au cours de la saison dernière, Martin Zubimendi poursuit sa progression au cœur du terrain. Aussi à l’aise dans les duels que balle au pied, il constitue avec Igor Zubeldia un duo plus que prometteur pour l’entrejeu basque. Derrière, le duo Le Normand-Elustondo continue de donner satisfaction et de gagner en expérience. Costauds, rapides et propres à la relance, ils forment une charnière complète, capable d’embêter n’importe quels attaquants de Liga. Bref, la Real peut compter sur une ribambelle de jeunes talents. Avec une moyenne d’âge de 25,8 ans, le club dispose même du troisième effectif le plus jeune du Championnat espagnol. Un ensemble prometteur, encadré par les expérimentés Nacho Monreal et David Silva, seuls trentenaires de l’effectif en l’absence de Illaramendi.
Progression constante
Ce début de saison idyllique est aussi la récompense d’un travail sur le long terme. Douzièmes de Liga en 2017-18, neuvièmes en 2018-19, et sixièmes la saison passée : les Basques progressent régulièrement depuis plusieurs années. Les joueurs formés au club se connaissent parfaitement. Et le noyau, intégré au groupe professionnel depuis la saison 2018-2019, ne cesse de s’aguerrir. La saison dernière, la Real Sociedad aurait même pu espérer mieux. Encore quatrième lors de la 28e journée, le club a vu son excellente dynamique coupée net par la crise sanitaire. En difficulté pour la reprise de la Liga au mois de juin, il est finalement retombé à la sixième place, dépassé par Villarreal et l’Atlético. Pour mieux repartir cette saison.

A la tête de l’équipe depuis décembre 2018, Imanol Alguacil débute sa deuxième saison complète à San Sebastian après être passé par l’encadrement des équipes jeunes du club. De quoi perpétuer la tradition du jeu basque, fait de longues phases de préparation, de mouvement et d’une grande qualité technique. Mieux encore, dans la continuité de l’exercice précédent, le technicien espagnol dispose d’une équipe qui n’a quasiment pas changée lors du dernier mercato. Seuls départs notables : ceux de Diego Llorente, vendu à Leeds, et de Martin Odegaard, rentré au Real Madrid après un prêt de deux saisons. Maître à jouer des Txuri urdin l’an passé, ce dernier a vite été remplacé par l’arrivée surprise de David Silva. De retour au pays après avoir enchanté l’Angleterre avec Manchester City, le génial milieu de terrain espagnol apporte toute la créativité et la maîtrise nécessaire pour pallier le départ du Norvégien.
La régale Sociedad
«Ce qui vous enrichit, c’est le jeu, pas le résultat. Le résultat n’est qu’une donnée», expliquait Juanma Lillo, mentor de Pep Guardiola et ancien coach de la Real, lors d’une interview pour The Blizzard en 2011. Un mantra qui colle parfaitement à la troupe d’Alguacil. Déjà enthousiasmante la saison dernière, l’équipe avait même été élue «plus beau football de l’année» par un sondage de Mundo Deportivo. Et a remis le couvert cette année. La formation d’Imanol Alguacil a appris à devenir extrêmement flexible et adaptable. Dans un 4-1-4-1 résolument porté vers l’avant, le collectif se montre performant dans une immense variété de registres. Capables de longues séquences de possession à la recherche du déséquilibre et de la faille avec Merino ou David Silva à la baguette, les Basques savent aussi être des plus incisifs en transition grâce à la vitesse d’Oyarzabal, Barrentxea et Portu.
- Isak : «Ne pas avoir peur de tenter ce que vous feriez à l'entraînement ou sur Playstation»
Certes, la Real devance l’Atlético avec deux matchs en plus de joués, mais elle dispose tout de même de la deuxième défense (5 buts) et de la meilleure attaque (22 buts) de Liga. En onze journées, elle s’est déjà imposée à cinq reprises par trois buts d’écart. Contre le Real Madrid, elle n’a pu faire mieux qu’un nul (0-0) mais aurait mérité bien mieux tant elle a bousculé le champion en titre. Preuve de cette ambition grandissante, son entraîneur ne s’est pas caché après un sixième succès consécutif contre Cadix le 22 novembre : «Être leader aujourd’hui n’est pas suffisant. Nous voulons réaliser quelque chose de grand.» Dans une année tout sauf commune, le rêve est permis.
Quentin Coldefy