payet (dimitri) cassama (moreto) (J.Prevost/L'Equipe)

Reims-OM : Dimitri Payet rugit cent

Le numéro 10 de l'Olympique de Marseille a délivré sa centième passe décisive en Ligue 1, et inscrit un doublé ce vendredi soir à Reims (1-3). Depuis l'arrivée de Jorge Sampaoli, Dimitri Payet a repris des couleurs.

Il a perdu du poids. Mais en a pris dans l’équipe. Le Réunionnais a fait fondre les kilos qu’il avait en trop sous André Villas-Boas et répondu aux attentes de son nouveau coach Jorge Sampaoli. L’Argentin espérait revoir ce joueur si brillant qui a fait lever plusieurs millions de Français de leur canapé lors de l’Euro 2016, et injecté des doses de bonheur du côté de West Ham la même année. Depuis l’arrivée de l’ancien sélectionneur de l’Albiceleste, Dimitri Payet a fondu, passant sous la barre des 80 kilos, et ses stats ont gonflé. L’international tricolore restait sur cinq passes décisives et un but sous les ordres de Sampaoli. En comptabilisant son total du soir, son bilan est grimpé à six caviars et trois réalisations lors des sept dernières rencontres.  
 
Le Réunionnais a en effet démontré son intelligence situationnelle sur son premier but. Alors que Pol Lirola déboulait sur son côté droit et qu’Arkadiusz Milik plongeait au premier poteau, l’international français a eu la lucidité de ralentir brusquement sa course afin de s’isoler au niveau du point de penalty. L’Espagnol le servait en retrait et Payet finissait précautionneusement l’action (41e). Son second but venait lui aussi d’un appel en retrait, Valentin Rongier à la transmission cette fois (76e).

Dézoner pour faire la différence

Double buteur, on l’a surtout remarqué par sa prépondérance dans le jeu marseillais. Chaque attaque ou presque passe par les pieds de l’ex-Nantais, qui s’est beaucoup dépensé à Auguste-Delaune (21 sprints). Avec 10,71 kilomètres parcourus, il est le cinquième marseillais qui a le plus couru. Une statistique qui explique son omniprésence, permise par la liberté de circulation dont il jouit. Aligné sur la droite de l’attaque avec Milik, il n’est resté à ce poste que quelques minutes. Au cours desquelles il ne paraissait pas à l’aise, perdant la moitié de ses ballons (trois sur six, en dix minutes) et manquant cruellement de précision dans ses transmissions (2/7). Puis il a décroché pour se positionner en numéro 10. Dans l’axe, il bonifiait bien plus les ballons et constituait le relais entre Milik et l’entrejeu olympien, qui éprouvait jusque-là des difficultés à sortir proprement de son camp. Il s’est glissé dans le petits espaces entre les lignes rémoises pour perturber les défenseurs et orienter au mieux le jeu des siens. Notamment sur deux actions où il est descendu assez bas, avant de changer de côté (33e), ou de lancer dans la profondeur Yuto Nagatomo (58e). Il a également partagé cette liberté avec Florian Thauvin, les deux se retrouvant parfois en soutien de leur avant-centre.
 
Le Réunionnais a même passé l’essentiel de son temps à gauche, collé à la ligne ou plus à l’intérieur. Et le jeu phocéen a justement beaucoup penché là où il se trouvait. Bloqué à gauche, il a déboussolé les Champenois en tentant de coloniser le côté droit en fin de première période. A raison. Puisque sur les cinq minutes passées dans cette zone, il a amené le deuxième but marseillais. Décalé par Pol Lirola, Dimitri Payet observait avec insistance le second poteau où Arek Milik se défaisait de Fodé Doucouré d’un ingénieux appel-contre-appel. Le meneur olympien distribuait alors un caviar à son coéquipier (45e+2). Sa 100e passe décisive dans l’élite française. Néanmoins, ses approximations (3e, 44e, 61e) prouvent qu’il n’est pas encore à 100% de ses capacités. Le sniper qu’il est habituellement monte progressivement en puissance mais peut faire mieux (69% de passes réussies).

Sans être un acharné, il a participé activement au pressing sur les défenseurs du Stade de Reims. Une grinta frappée du sceau Sampaoli. C’est lui qui, une fois les corners rémois dégagés, sifflait le coup d’envoi du pressing marseillais. Ce qui aurait pu lui sourire lorsqu’il interceptait une passe de Xavier Chavalerin avant de voir sa passe en profondeur vers Arkadiusz Milik contrée par Fodé Doucouré (56e). Si Dimitri Payet entretient cette dynamique, difficile d’imaginer la cinquième place échapper aux Phocéens.