8th November 2020 - Premier League - Manchester City v Liverpool - Sadio Mane of Liverpool runs between Rodri and Kyle Walker of Man City ahead of the penalty decision given against Walker - Photo: Simon Stacpoole / Offside. (Simon Stacpoole/Simon Stacpoole / Offside)

Super Ligue : tout ce que l'on sait de la nouvelle compétition

Le projet de cette ligue fermée a été officiellement dévoilé dimanche par les douze clubs fondateurs. Considérée comme une concurrente des coupes d'Europe actuelles, cette compétition est vivement critiquée par l'UEFA qui menace les clubs et joueurs qui y participeraient. Elle pourrait tout de même voir le jour dès la saison 2022-2023.

Vingt clubs pour la disputer

Le Real Madrid, le Barça, l'Atlético de Madrid, l'AC Milan, l'Inter, la Juventus, Manchester City, Manchester United, Arsenal, Liverpool, Chelsea et Tottenham ont annoncé leur participation en tant que «membres fondateurs» avec un communiqué commun. Ce statut leur octroie le droit de concourir de façon automatique dans cette compétition chaque année.
 
Trois clubs devraient les rejoindre prochainement pour porter le total de membres fondateurs à quinze. Ce ne sera probablement pas le cas des pensionnaires allemands. En effet, le Bayern Munich et le Borussia Dortmund, précédemment pressentis pour en être de la partie, ont choisi de ne pas participer pour «mettre en œuvre la réforme» de la Ligue des champions prévue pour 2024. Dans le même temps, Leipzig a nié tout intérêt pour cette compétition. Du coté des clubs français, aucune déclaration n'a été faite. Pour le moment, les membres de la Ligue 1 sont eux aussi absents.
 
A ces quinze membres fondateurs s'ajouteront cinq clubs invités ou qualifiés chaque saison. A ce stade, aucune information complémentaire n'a été donnée sur les critères d'invitation ou les possibilités de qualification.
 

Un format différent

Les vingt équipes seraient réparties entre deux groupes de dix. Tous les clubs d'un même groupe joueraient deux fois les uns contre les autres, ce qui nous donne 18 journées et 180 matchs de poule qui se dérouleraient les mardi, mercredi et jeudi. Les trois premiers seraient qualifiés en quarts, rejoints par les deux vainqueurs des barrages entre les quatrièmes et les cinquièmes.

A lire :
-Le projet "Super Ligue" est né

-L'UEFA valide la réforme de la Ligue des champions

Un enjeu économique important

Les clubs participants recevraient chacun 350 millions d'euros. D'après une estimation de Sky Sports datant de novembre dernier, plus de six milliards de dollars seraient distribués aux vingt clubs jouant cette compétition, contre «seulement» deux milliards pour les trente-deux clubs disputant la Ligue des champions. Enfin, les clubs s'étant engagés comme membres fondateurs recevront, d'après le communiqué, «un versement en une fois de l'ordre de 3,5 milliards d'euros destinés uniquement à des investissements en infrastructures et compenser l'impact de la crise de la Covid-19».

Une compétition essentielle selon les organisateurs...

Conscients du vent de critiques qui allait se jeter sur cette Super Ligue, les présidents des clubs concernés n'ont pas hésité à vanter les mérites de cette compétition. Florentino Pérez, président du Real Madrid, a été le premier à le faire, directement dans le communiqué publié par l'entité : «Nous allons aider le football à tous les niveaux pour l'amener à occuper la place qu'il mérite. Le football est le seul sport global à compter quatre milliards de fans et notre responsabilité, en tant que grands clubs, est de satisfaire les attentes des supporters». Andrea Agnelli, le patron de la Juventus lui a emboité le pas, déclarant que les «douze clubs fondateurs représentent des milliards de fans à travers le monde et 99 trophées européens. Nous nous sommes réunis à ce moment crucial, permettant de transformer la compétition européenne, de placer le jeu que nous aimons sur une base durable à long terme, d'accroître considérablement la solidarité et de donner aux fans et aux joueurs amateurs un flux régulier de rencontres de premier plan qui alimenteront leur passion pour le jeu tout en leur offrant des modèles de comportement attrayants». Enfin, Manchester United a également commenté la création de la Super Ligue par l'intermédiaire de Joel Glazer : «En réunissant les meilleurs clubs et joueurs du monde pour qu'ils s'affrontent tout au long de la saison, la Super Ligue ouvrira un nouveau chapitre pour le football européen, en garantissant des compétitions et des installations de classe mondiale, ainsi qu'un soutien financier accru pour la pyramide du football au sens large.»

... et très critiquable pour la majorité !

Les différentes instances du football se sont positionnées contre la création de cette ligue fermée. Si l'UEFA a annoncé des sanctions pouvant aller jusqu'à l'exclusion des compétitions européennes et des championnats pour les clubs participants ainsi que l'interdiction de concourir dans les compétitions internationales pour les joueurs de ces clubs, ce n'est pas la seule à s'être manifestée. La FIFA l'a également fait : «Selon nous, et conformément à nos statuts, toute compétition de football, qu'elle soit nationale, régionale ou mondiale, doit toujours refléter les principes fondamentaux de solidarité, d'inclusivité, d'intégrité et de redistribution financière équitable». Ce n'est pas tout puisque les fédérations de football française, allemande, espagnole et anglaise se sont également positionnées contre.

Après les instances, ce sont les clubs Italiens de l'Atalanta, de Cagliari et de l'Hellas Vérone qui se sont manifestés, demandant l'exclusion de la Serie A de l'AC Milan, de l'Inter et de la Juventus, qui ont tous les trois accepté de rejoindre la Super Ligue.
Certains joueurs et anciens joueurs ont aussi critiqué cette nouvelle compétition, à l'image de Gary Neville, qui a taclé les clubs anglais fondateurs de la Super Ligue : «Ces gens pensent qu'ils peuvent ramasser 300 millions de livres sterling de plus chaque saison que les autres équipes, puis revenir le samedi et jouer avec cet avantage en Premier League». Notons également l'intervention de Sir Alex Ferguson, qualifiant l'épreuve de «rupture nette avec une histoire longue de 60 ans de football européen pour les clubs» et les tweets de Bacary Sagna, Ander Herrera et Charlie Austins.

Des associations de supporters sont aussi allées à l'encontre de cette compétition, notamment celles d'Arsenal et de Chelsea. Enfin, Boris Johnson et Emmanuel Macron ont apporté leur soutien à l'UEFA, preuve que ce sujet ne se limite pas au monde du football.

Vincent Soubabère