Valentin Rosier of Sporting Clube de Portugal during the UEFA Europa League group D match between PSV Eindhoven and Sporting Club de Portugal at the PSV stadium on September 19, 2019 in Eindhoven, The Netherlands (Maurice van Steen/ANP SPORT/PR/PRESSE SPORTS)

Valentin Rosier raconte son retour en forme au Besiktas et ses galères passées : «Istanbul, c'est mieux que Paris !»

Ancien latéral de Dijon où on parlait de lui comme un possible futur international en équipe de France, Valentin Rosier n'a pas vu, pour le moment, sa carrière monter aussi haut. La faute aux blessures, mais pas que. Performant avec le Besiktas, leader du Championnat de Turquie, le natif de Montauban raconte son renouveau à FF.

«Le 7 février dernier, vous avez offert la victoire au Besiktas face à Konyaspor (1-0). Le tout premier but de votre carrière dans un Championnat !
Oui ! (Il sourit.) Il a fallu longtemps. Quatre ans ! Un but important. On était à dix contre onze. C'était en fin de rencontre, il y avait 0-0. J'étais content sur le coup et après. Le but, c'est d'essayer d'en remettre ! Et, surtout, en tant que défenseur, mon rôle, c'est davantage de donner des passes décisives. Mais ça fait toujours plaisir. J'en avais marqué un en Coupe aussi cette saison, et du pied gauche, je tiens à le préciser !

Au-delà de la symbolique du premier but, c'est aussi pour constater que cette aventure turque se passe idéalement pour vous.
Oui, ça se passe très, très bien. Mieux que je le pensais. Au début, j'avais un peu de réticence de venir en Turquie parce que je ne connaissais pas... Mais c'est le top. On est premiers du Championnat (NDLR : Deux points d'avance sur Galatasaray, cinq sur Fenerbahçe adversaire du Besiktas ce week-end pour le choc de la 31e journée), on est en finale de la Coupe (NDLR : Une finale Besiktas-Antalyaspor). Tout est au mieux !

Voir : Le classement du Championnat de Turquie

Quelles sont les recettes du succès du Besiktas ?
On s'entend tous bien, tout le monde rigole avec tout le monde. On a une bonne cohésion, une bonne entente. On a des bons joueurs, une bonne équipe. Tout ça rassemblé fait qu'on a des résultats. Personnellement, je pense avoir la confiance du coach, du staff, des autres joueurs. Et je suis épanoui, que ce soit dans le foot ou en dehors. Quand on rassemble tout, ça fait des bons résultats. Le titre ? Le mieux, ce serait le doublé, avec la Coupe. Mais on est bien partis en Championnat. On a un match en moins. L'objectif, c'est d'être champion !

«Je sais que les supporters du Besiktas sont incroyables»

Y a-t-il une frustration chez vous de voir cette saison avec des matches à huis clos et, donc, sans l'ambiance électrique des derbys ?
Oui, c'est une très grosse frustration. Je sais que les supporters du Besiktas sont incroyables. Même cette saison, des fois, ils sont devant le stade, le centre d'entraînement, les hôtels, ils crient. J'espère que je vais réussir à connaître les supporters...

Au Besiktas, on retrouve de nombreux anciens pensionnaires de la Ligue 1 : Vincent Aboubakar, Georges-Kévin Nkoudou, Fabrice Nsakala, Rachid Ghezzal...
C'est cool, oui, surtout que je ne les connaissais pas avant. C'est ça qui fait qu'on a une bonne entente. On est ce petit groupe où on peut s'exprimer dans la même langue. Forcément, c'est un avantage. Ce sont de très bonnes personnes et je suis très content de les avoir rencontrées.

«Istanbul, c'est immense, il y a des endroits magnifiques. Les gens sont serviables. Franchement, j'aime beaucoup.»

Il y a le foot et le changement de club, mais il y a aussi la ville. Istanbul, on s'y plaît ?
C'est mieux que Paris (Il sourit.) ! C'est immense, il y a des endroits magnifiques. Les gens sont serviables. Franchement, j'aime beaucoup.

«Ce qui s'est passé avant fait que j'en suis là maintenant»

Revenons sur le terrain : personnellement, pensez-vous être revenu à votre niveau de Dijon ?
Je pense être mieux qu'à Dijon, plus complet. D'année en année, je gagne de l'expérience. Mais ce n'est pas trop comparable. Dijon, c'était la Ligue 1, on était une "petite" équipe. Là, je suis en Turquie, dans la meilleure équipe...

Avez-vous l'impression d'avoir démarré une deuxième carrière cette saison après vos difficultés du passé ?
Ce qui s'est passé avant fait que j'en suis là maintenant. Pour moi, ça reste la même carrière. J'ai rebondi après ma blessure. Mais de là à dire une autre carrière, non.

«Le moment le plus dur, c'est quand j'ai appris que j'allais être opéré et que je n'allais pas jouer l'Euro Espoirs. J'étais dégoûté. Louper l'Euro, ç'a foutu les boules.»

Fin 2018, alors que vous êtes très performant, qu'on parle de vous comme un possible futur latéral droit de l'équipe de France, vous vous blessez une première fois, avant de rechuter et de devoir vous faire opérer du pied droit en mars 2019. Derrière, vous loupez l'Euro Espoirs et vous êtes transféré vers le Sporting Portugal. Avec du recul, quel bilan pouvez-vous faire de cette période ?
Je n'ai pas eu le choix, c'est tout. Comme avant que je sois professionnel : personne n'y croyait, mais je n'avais pas le choix. Avec l'envie de ne pas avoir de regrets à la fin. J'ai pu progresser mentalement. Une blessure, c'est toujours compliqué, surtout qu'elle a été mal soignée. Donc, du mental, de l'apprentissage et une sorte de caractère j'ai envie de dire. Il y a eu pire, je ne vais pas me plaindre. Le moment le plus dur, c'est quand j'ai appris que j'allais être opéré et que je n'allais pas jouer l'Euro Espoirs. Je me suis blessé une fois, et quand on m'a fait rejouer, j'avais encore une fissure, sauf qu'il n'y a eu aucune vérification... Quand j'ai senti que ça avait cassé de nouveau, j'ai compris que j'allais me faire opérer. J'étais dégoûté. Louper l'Euro, ç'a foutu les boules, j'avoue. C'est une compétition regardée, ce n'est pas n'importe quoi. J'avais fait les phases de qualifications. Le coach m'avait appelé quand je m'étais blessé. Je l'avais en tête cet Euro. Si j'avais été bien soigné dès le départ, j'aurais pu y participer, mais vu que cela a pris beaucoup trop de temps...

Vous n'avez joué que neuf matches de Championnat avec le Sporting Portugal en un an. Avec une dernière apparition en mars 2020, avant l'arrêt des compétitions lié au Covid-19. Que s'est-il passé ?
Plein de gens m'ont dit qu'ils avaient été surpris que je parte au Sporting. J'ai pris la meilleure proposition. J'étais plutôt content. Le club jouait l'Europe, ils m'ont pris alors que j'étais blessé, pour moi, c'était le bon choix. Mais on a changé quatre fois de coach. J'ai plu aux deux premiers, pas aux deux derniers. Honnêtement, c'était très, très compliqué. Avant l'entraîneur (NDLR : Ruben Amorim), il y en avait un qui me faisait jouer et qui m'a sorti du jour au lendemain (NDLR : Jorge Silas). Sans explication. Ensuite, au retour du confinement, je n'ai pas du tout joué. Pour être performant, j'ai besoin d'être heureux : là-bas, ce n'était pas le cas.

Ce n'était donc plus possible de rester...
Pour eux comme pour moi, ce n'était plus possible. Dans tous les cas, cela ne l'aurait pas fait. Je me suis fait prêter pour le bien de tous.

«Tout Français qui est professionnel rêve de jouer pour l'équipe de France»

A Dijon, dans une interview pour France Football, vous aviez évoqué l'équipe de France, en disant : "J'y crois vraiment, je pense réellement que c'est possible." Le temps a passé, mais y pense-t-on quand même ?
Ce serait mentir si je disais que je n'y pensais pas. Tout Français qui est professionnel rêve de jouer pour l'équipe de France. Mais, bien sûr, j'y pense. J'ai encore des choses à prouver. J'ai 24 ans, j'ai encore le temps. Même si, de nos jours, tu as des gens de 16 ans qui font n'importe quoi : quand je dis ça, c'est pour dire qu'ils sont déjà à un certain niveau !

Lire :
- Valentin Rosier (Dijon) : «L'équipe de France ? J'y crois vraiment»

Vous vous considérez déjà comme un ancien ?
Non, mais je ne suis plus tout jeune non plus (Il sourit.).

Il ne faut plus perdre de temps ? Comment voyez-vous votre avenir ? Y a-t-il l'envie de revenir dans l'ouest de l'Europe rapidement ?
Je veux aller dans un endroit où je me sentirais bien et en confiance. Pour l'instant, je veux finir ma saison au Besiktas et être champion. A partir de ce moment-là, on verra.»

Timothé Crépin