pochettino (mauricio) (F.Faugere/L'Equipe)

Bayern-PSG : Les choix payants de Mauricio Pochettino

Privé d'une multitude de joueurs, l'entraîneur du PSG a fait le choix de tout miser sur les transitions éclairs pour faire chavirer le navire du Bayern. La manche aller lui a donné raison.

La question était partout avant le choc de ce mercredi soir : comment le PSG, privé de Marco Verratti, Leandro Paredes, Alessandro Florenzi, Mauro Icardi ou Pablo Sarabia, allait pouvoir résister à l’armada bavaroise ? En avant-match, Mauricio Pochettino a donné une réponse tranchée à travers son onze de départ. Pas de Moïse Kean mais Kylian Mbappé en pointe, Julian Draxler installé sur l’aile gauche et Colin Dagba sur le flanc droit de la défense. Privé de son entrejeu et sans doute conscient de la maîtrise qu’aurait le Bayern, l’entraîneur parisien a décidé de d’accepter cette domination et de faire le pari de punir les Munichois à la moindre occasion. Nul doute que l’ancien coach de Tottenham ne devait pas s’attendre à subir à ce point (31 tirs à 6 en faveur du Bayern), mais en s’imposant à l’extérieur contre le champion d’Europe en titre sans plusieurs de ses titulaires, il a réussi son pari.

Mbappé irrésistible dans la profondeur

Dans un tel scénario, Kylian Mbappé est redevenu le joueur irrésistible déjà aperçu sur la pelouse du Camp Nou au tour précédent. Si l’ancien Monégasque donne rarement satisfaction au poste de numéro 9 face à des défenses regroupées, il s’est régalé dans le dos d’un bloc allemand installé très haut sur la pelouse. Sur une première transition lancée par Angel Di Maria, Neymar portait le ballon plein axe et attendait le bon timing pour décaler l’attaquant Français lancé à pleine allure. Contrairement à son occasion manquée en août dernier, il ne tergiversait pas et envoyait une frappe puissante qui poussait Manuel Neuer à la faute (1-0, 3e). Un début de partie idéal qui a poussé les Bavarois à se découvrir un peu plus. Très peu actif défensivement pour ralentir les vagues adverses, il s’est appliqué à rester à la limite du hors-jeu, prêt à bondir dans le dos d’une arrière-garde trop lente pour le tenir. Le PSG privé de ballon, il n’a presque plus été vu du premier acte mais a toujours fait mal. Comme à la demi-heure de jeu où il obtient un corner sur une simple accélération devant Niklas Süle.

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Et alors que la physionomie devenait de plus en plus caricaturale après la pause, Kylian Mbappé n’a pas levé le pied. Loin de là. Présent au duel, il a bousculé Leroy Sané pour récupérer le ballon avant de glisser dans la surface. Déterminé, il parvenait à glisser le ballon à Neymar qui butait sur Manuel Neuer (52e). Toujours tranchant de ses appels, il a une nouvelle fois fait frémir la défense bavaroise à l’heure de jeu mais était signalé hors-jeu (59e). Dix minutes plus tard, il marquait une nouvelle fois une soirée européenne de son empreinte. Trouvé par Angel Di Maria sur une énième transition, il fixait parfaitement Boateng et envoyait une frappe sèche au premier poteau qui laissait le gardien du Bayern sans réaction (3-2, 68e). Dans une fin de match plus que laborieuse, il arrivait encore à faire respirer les siens pour tenir bon jusqu’au bout. Difficile de ne pas saluer le choix de son entraîneur de l’aligner seul en pointe après cette prestation XXL et d’un réalisme total.

Dagba et Draxler, performances à deux visages

De leurs côtés, Colin Dagba et Julian Draxler ont eu besoin de temps pour se mettre au niveau de l’instensité de la rencontre. Sur son côté droit, le Bleuet a vécu une première période très compliquée. Trop rarement épaulé par Angel Di Maria, il a vu les rushs de Kingsley Coman et Lucas Hernandez se multipliés dans son couloir. Dès l’entame, l’ancien de l’Atlético chauffait Keylor Navas (2e). Fébrile, le latéral parisien manquait de détermination sur une passe risquée de Marquinhos interceptée par Kingsley Coman (14e). On l’a aussi vu pris par un nouvel une-deux sollicité par l’ailier français. Puis lobé sur un centre au second poteau mais, heureusement, son vis-à-vis manquait son contrôle dans la surface (26e). En grande souffrance, il a tout de même relevé la tête au fil des minutes, bien aidé par la fatigue grandissante de ses adversaires directs. Après la demi-heure, sa bonne montée a permis de provoquer un carton jaune contre Hernandez (35e). Encore déstabilisé sur certaines séquences après la pause, il a pris la mesure de la partie et a su s’imposer à plusieurs reprises dans ses un contre un, notamment en fin de match (79e). Nul doute qu’Alessandro Florenzi aurait lui aussi souffert face à une telle force de frappe. Lancé dans le grand bain par son entraîneur, Colin Dagba ne s’est jamais noyé.

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Sur l’aile gauche, Julian Draxler s’est montré très tôt. Après avoir amorcé une transition avec Neymar, l’Allemand trompait Manuel Neuer mais le but était refusé pour un hors-jeu limite (12e). En dehors de cet éclair, son premier acte était bien insuffisant. Peu utile dans les sorties de balle des siens hormis cette belle feinte de corps devant sa surface (25e), il n’a surtout presque jamais aidé Abdou Diallo dans le couloir gauche de la défense parisienne. Nonchalant comme à son habitude, il a lui aussi réussi à hausser le ton au retour des vestiaires. Dès les premières minutes, il trouvait Neymar après une bonne récupération et entamait une course tranchante et verticale comme il n’en avait pas réalisé en première période (48e). Il gâchait cette belle entame en concédant la faute qui menait à l’égalisation du Bayern (2-2, 60e), puis en étant sanctionné d’un jaune (62e). Mais ces deux minutes de flottement était rapidement effacées. Après une nouvelle récupération sur son aile, il trouvait Angel Di Maria au cœur du jeu. Dans la foulée, Kylian Mbappé allait offrir la victoire aux Parisiens. De plus en plus en confiance et impliqué, il tentait aussi sa chance sur une relance manquée des Bavarois (85e), et se battait jusqu’au bout pour obtenir l’ultime récupération qui validait le résultat (90e+2). 

Quentin Coldefy