(B.Papon/L'Equipe)

En éjectant le Bayern Munich en quarts de la Ligue des champions, le PSG a-t-il réalisé la plus grande performance de son histoire ?

Le PSG disputera donc encore les demi-finales de la Ligue des champions après avoir fait plier le Bayern Munich de Neuer, Kimmich et Müller, tenant du titre, sur deux rencontres. De quoi s'interroger sur la place de cet exploit dans l'histoire du club parisien.

Le Paris-SG futur roi d’Europe ? Tout le monde, enfin en France chez les observateurs suivant de près le ballon rond, les fans de sport et évidemment les supporters du club de la capitale, se prend à rêver d’un premier sacre majeur en Ligue des champions, le 29 mai prochain au Stade Atatürk d’Istanbul sur les coups de 22h50, ou près d’une heure plus tard en cas de prolongation et/ou de tirs au but. On n’en est évidemment pas là, les troupes parisiennes ont encore trois marches à gravir, les plus hautes, et surtout une de plus que la saison passée quand le PSG avait rallié la finale en traversant le Final 8 de Lisbonne (qualifications sur un match en quarts et en demies). En attendant ces éventuels enchantements, les Parisiens sont déjà sur un sacré beau petit nuage après leur qualification pour le dernier carré car ils en ont réalisé, c’est vrai, une belle performance. Reste à tenter de déterminer si c’est la plus fameuse de l’histoire du club.
 
En match aller-retour de la plus prestigieuse des compétitions continentales, le PSG a éjecté le Bayern Munich, roi d’Europe en titre, et pris sa revanche sur les Bavarois après la finale délaissée d’août dernier (0-1). Sur deux rencontres, les éléments de Mauricio Pochettino ont pris le meilleur sur les Bavarois, battus chez eux à l’aller (2-3), le premier revers du Bayern depuis deux ans dans l’épreuve. Résistants à l’Allianz Arena et au Parc des Princes à l’image d’un Navas prodigieux (10 arrêts à l’aller), les Parisiens se sont montrés glaçants d’efficacité sous la neige munichoise tandis que six jours plus tard, la chance les a fuis (trois montants heurtés par Neymar) à l’issue d’une défaite «suffisante» par un seul but d’écart (0-1).
 
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Le Bayern sans Lewandowski et Gnabry puis sans Goretzka et Süle, Paris privé de Verratti, Florenzi, Icardi, Kurzawa, Bernat puis Marquinhos

Le PSG, en difficulté en Ligue 1 (huit défaites au compteur et trois points de retard sur le leader lilllois), «n’est» qu’en demies mais il vient de s’offrir le grand favori à sa propre succession, un ogre bavarois éliminé seulement pour la deuxième fois sur ses dix dernières apparitions en quarts de la C1. Bon, la meilleure équipe du monde était amputée de son meilleur élément, et peut-être du meilleur joueur de la planète depuis près d’un an et demi, Robert Lewandowski, touché au genou droit avec la sélection polonaise. Elle a aussi dû faire sans Serge Gnabry (Covid-19) sur les deux matches (Corentin Tolisso était forfait de longue date), tandis que Leon Goretzka et Nicklas Süle se sont blessés à l’aller avant d’être absents au retour. 
 
Mais Pochettino a lui aussi composé sans plusieurs cadres. Blessé après son but à Munich, Marquinhos a fait défaut au Parc des Princes. Marco Verratti et Alessandro Florenzi, testés positifs au coronavirus puis trop justes à Paris, ont raté la confrontation comme Layvin Kurzawa, Mauro Icardi et Juan Bernat. Dans le camp d’en face, il y avait quand même, excusez du peu, Manuel Neuer, Joshua Kimmich, Kingsley Coman, Thomas Müller, soit ce qu’il se fait à peu près de mieux au monde sur les derniers mois à leurs postes respectifs (sans parler des solides Jérôme Boateng, Benjamin Pavard, Lucas Hernandez et Alphonso Davies). Après le Barça de Lionel Messi en huitièmes (4-1, 1-1), certes moins souverain qu’il y a quelques années, le PSG s’est quand même offert un second grand d’Europe d’affilée sur deux rencontres avec une qualité technique et collective admirable.

La qualif en C1 aux dépens du Barça de Cruyff, le 4-1 mémorable contre le Real Madrid en C3

Des soirées mémorables et de belles qualifications, le PSG en a vécu dans son histoire. Privé de spectateurs ce mardi soir, le Parc des Princes avait vibré en 1992-93. Souvenez-vous de ce coup de casque d’Antoine Kombouaré pour éliminer le Real Madrid d’Ivan Zamorano et Robert Prosinecki à l’issue d’une prolongation inoubliable (4-1 après la défaite 1-3 à Madrid) devant 46000 personnes en transe… Mais c’était en quarts de la Coupe de l’UEFA, ancienne appellation de la Ligue Europa. Deux ans plus tard, un autre exploit avait jalonné l’histoire de l’institution parisienne. Auteurs d’un solide 1-1 au Camp Nou, les hommes de Luis Fernandez avaient claqué la porte au nez du Barça de Johann Cruyff, alors tenant du titre de la Ligue des champions, emmené par Hristo Stoichkov, Gheorghe Hagi, Pep Guardiola et Ronald Koeman. Après la réponse de Rai (73e) à José Maria Bakero (50e), Vincent Guérin avait battu Carles Busquets d’une frappe lumineuse à ras de terre à la 83e (2-1).

La C1, on le sait et on s’en souvient, le PSG l’a traversée avec bonheur et coups très durs. S’il y a eu les terribles éliminations face à Chelsea (3-1, 0-2 en 2013-14), face au FC Barcelone (4-0, 1-6 en 2016-17) et Manchester United (2-0, 1-3 en 2018-19), les sorties devant Manchester City (2-2, 0-1 en 2015-16) et le Barça (2-2 et 1-1 en 2013-13, 1-3 et 0-2 en 2014-15), Paris avait enchanté à Stamford Bridge au bout d’une prolongation irrespirable, le 11 mars 2015. Après le 1-1 de l’aller, l’armada menée par Laurent Blanc avait sorti Chelsea à dix contre onze (Ibrahimovic expulsé dès la 30e minute) avec un 2-2 arraché par une tête de Thiago Silva à la 113e. Une belle perf’ sans aucun succès sur les deux matches.


Et puis, bien sûr, le PSG affiche une Coupe d’Europe à son palmarès. La Coupe des coupes, aujourd’hui disparue, glanée en 1996 comme une formation qui n’était pas un foudre de guerre, le Rapid Vienne (1-0), au terme de plusieurs campagnes de belle facture (demies en C3 en 1992-93, demies en C2 en 1993-94, demies en C1 en 1994-95) et suivies l’année suivante par une nouvelle finale de C2 (0-1 contre le Barcelone de Ronaldo). Près de vingt-quatre ans plus tard, Kylian Mbappé, Neymar, Gana Gueye, Presnel Kimpembe et Keylor Navas ont fait chuter les stars du Bayern sur un aller-retour, un exploit d’envergure. Le plus grand de l’histoire du club ?

Emmanuel Langellier