Navas est touché aux adducteurs. (P. Lahalle/L’Équipe)

Ligue des champions, Bayern-PSG : Manuel Neuer - Keylor Navas, l'autre très grand match

Ce quart de finale de Ligue des champions entre le PSG et le Bayern Munich est aussi l'occasion d'assister à un duel à distance entre deux des meilleurs gardiens de la planète. Avant le match aller, FF s'est prêté au jeu de la comparaison entre l'Allemand et le Costaricien.

Peu importe les nombreuses absences, cette opposition entre le PSG et le Bayern Munich réserve son lot de duels alléchants. Dans les cages, les deux clubs peuvent compter sur deux des meilleurs gardiens de la décennie écoulée. À eux deux, Manuel Neuer et Keylor Navas pèsent cinq Ligue des champions sur les huit dernières éditions. Jamais éliminé en match aller-retour en C1, le Costaricien a une nouvelle fois exposé toute sa classe lors d’un huitième de finale retour bien compliqué contre le FC Barcelone (1-1). Sortant huit arrêts dont un penalty de Messi. De l’autre côté, son pendant allemand n’est pas en reste. À 35 ans, Neuer reste indéboulonnable au Bayern et a encore été écœurant lors du «Final 8» de la dernière C1. Ce mercredi, les deux portiers feront face à des attaques au potentiel vertigineux et auront sans aucun doute un rôle clé à jouer dans cette double confrontation européenne. Chacun dans leur style.

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Navas sans comparaison sur sa ligne

Les Barcelonais peuvent en témoigner, Keylor Navas est étincelant lorsqu’il s’agit de défendre sa ligne de but. Toujours concentré, l’ancien joueur du Real Madrid est capable de parades réflexes exceptionnelles. Récupéré en toute discrétion par le PSG il y a 18 mois, il a presque instantanément fait oublier les longues années de flottement à un poste où ni Sirigu, ni Trapp, ni Areola n’avaient donné satisfaction. Cette saison, Navas affiche un niveau impressionnant dans les grandes rencontres. Avec en point d’orgue sa première mi-temps d’anthologie contre le FC Barcelone, chassant à lui seul le spectre d’une nouvelle remontada. Le niveau du Costaricien se retrouve sans surprise sur le plan statistique. En comparaison avec Neuer, Navas a encaissé moins de buts en Championnat et C1 cette saison (23 contre 40 pour l’Allemand) et a un pourcentage d’arrêts nettement supérieur à celui de son adversaire à venir (81,9% de tirs stoppés contre 72,7%). Avec 15 clean sheets, il est là aussi nettement au-dessus des neuf matches de Neuer sans but encaissé.

Et pour pousser plus loin l’analyse chiffrée, les stats avancées confirment ce premier bilan. En tenant compte des «post-shot expected goals» (expected goals après tir), la domination du gardien du PSG est flagrante. Si les deux portiers «auraient dû» encaisser plus de buts qu’ils n’en ont réellement concédés (40 buts encaissés contre 47 PSxG pour Neuer, 23 buts encaissés contre 29 PSxG pour Navas), le Parisien affiche une efficacité nettement supérieure à celle de son homologue bavarois. Avec six buts encaissés de moins que le prédisaient les PSxG, l’ancien Merengue a donc évité au PSG d’encaisser 20,7% de buts supplémentaires. De son côté, Neuer n’a évité «que» sept des 47 PSxG qu’il a subi, soit 14,9%. Un ratio très satisfaisant mais loin de celui d’un Navas étincelant. En Europe, en dehors de Jan Oblak, aucun gardien n’affiche un pourcentage de buts évités comparable avec celui du Costaricien cette saison. Preuve que ce dernier n’a presque pas son pareil depuis plusieurs mois.

Navas empêche au PSG d'encaisser 20,7% de buts supplémentaires !

Neuer le moderne, Navas le classique

En élargissant le spectre des missions d’un gardien de but, il apparaît vite que, malgré son niveau de performance sur sa ligne, le joueur du PSG se montre beaucoup moins "multifonctions" que celui du Bayern. Le constat n’a rien d’étonnant quand on sait que Manuel Neuer est le pionnier de la révolution que connaît le poste de gardien de but depuis une quinzaine d’années. L’ancien de Schalke incarne le portier moderne qui est bien plus qu’un simple dernier rempart pour son équipe. Malgré ses 35 ans, l’Allemand reste le dernier défenseur du Bayern Munich. Cette saison, il a déjà réalisé 42 actions défensives en dehors de sa surface de réparation. Pour mettre en relief cette donnée, Navas en cumule seulement 15, soit près de trois fois moins. En phase de possession, la différence est là aussi flagrante. Avec le Bayern, Neuer a cumulé 1 422 ballons joués et 1 350 passes tentées depuis la fin de l’été. Des nombres sans commune mesure avec ceux du gardien parisien (959 ballons touchés et 892 passes). Et si Navas n’a pas à rougir de son jeu au pied court, il gagnerait néanmoins à s’inspirer du jeu long de son homologue pour tenter de combler les absences de Paredes et Verratti. Depuis le début de la saison, le portier bavarois a réussi 73,1% de ses 629 passes longues, contre 59,7% et 377 passes longues pour le Parisien. Pour grossir le trait : quand Neuer participe activement au jeu des siens, Navas reste bien plus en retrait et se cantonne à sa fonction première, celle d’un gardien de but classique.

La défense bavaroise n'aide pas

Il serait injuste de comparer les deux portiers en occultant le niveau de performance de leur défense, facteur sur lequel leur influence est réduite. Aux trois quarts de la saison, il est clair que l’arrière-garde allemande s’est, pour le moment, montrée bien plus perméable que celle du PSG. Outre le nombre de buts encaissés presque deux fois supérieur, Manuel Neuer a aussi subi 40% de tirs cadrés de plus que Navas (143 contre 105) et a logiquement dû s’employer nettement plus (143 arrêts contre 84). Si les latéraux parisiens n’offrent pas de grandes garanties sur le plan défensif, la charnière Marquinhos-Kimpembe est d’une solidité et d’une complémentarité impressionnante. En l’absence de Lewandowski, le PSG peut légitimement espérer que le duo contienne les offensives adverses et préserve Navas. Souvent bouleversée par les blessures de Boateng ou Süle, la défense centrale munichoise a moins de repères malgré un Alaba toujours fidèle au poste. Pas irréprochables dans la profondeur, les Bavarois pourraient être mis en difficulté par les flèches parisiennes. Et laisser Neuer prouver une fois encore qu’il reste le meilleur ? Début de réponse ce mercredi soir.