tuchel (thomas) (A.Reau/L'Equipe)

Ligue des champions : le 3-5-2 utilisé récemment par Thomas Tuchel peut-il être une solution d'avenir pour le PSG ?

En fin de match contre Leipzig (1-0) et Manchester United (3-1), puis sur la totalité du match à Montpellier (3-1), le PSG a été disposé en 3-5-2. Un schéma qui a offert des solutions nouvelles à Thomas Tuchel, même si son efficacité reste à prouver.

Depuis quelques mois, Thomas Tuchel a appris à bricoler, et pas forcément avec des outils dernier cri. Confronté à un nombre indécent de blessures ou suspensions depuis le début de la saison, le coach du PSG n'a pas toujours visé juste, mais ces dernières semaines, le recours répété à un 3-5-2 a été plutôt intrigant à suivre. Paris a évolué dans ce schéma à trois occasions, dans des contextes très différents et avec des productions assez hétérogènes : d'abord lors de la dernière demi-heure du match face au RB Leipzig (1-0), lors duquel le PSG a beaucoup subi ; ensuite sur le terrain de Manchester United (3-1), également pour la dernière demi-heure, avec un gain de maîtrise facilité par l'expulsion de Fred ; enfin pour la totalité de la rencontre à Montpellier samedi (3-1), avec un onze remanié mais une prestation collective satisfaisante malgré quelques temps forts adverses.

En défense, une solidité à prouver mais des profils adéquats

Que penser de ce système alors ? Que l'échantillon est aujourd'hui trop maigre et disparate pour en tirer de réelles conclusions, même si quelques expérimentations ponctuelles avaient déjà eu lieu auparavant. Sur les 140 minutes jouées en 3-5-2 ces dernières semaines (25 face à Leipzig et MU, 90 contre Montpellier), le PSG a connu une réussite défensive certaine, n'encaissant qu'un but malgré 3,19 Expected Goals concédés. Soit un ratio de 2,04 xG par 90 minutes, bien supérieur à la moyenne parisienne cette saison (1,26 xG/90mn). Un écart à pondérer puisqu'à La Mosson, Montpellier a exposé une défense rouge et bleu privée de Marquinhos, Presnel Kimpembe et Alessandro Florenzi. Mais installer cette organisation sur la durée ne serait pas forcément une garantie de solidité supérieure.

Elle nécessiterait également un choix des hommes bien précis pour éviter de laisser trop de joueurs derrière le ballon en phase offensive. Placer Danilo Pereira dans cette défense à trois n'aurait pas exemple pas grand intérêt puisque le Portugais ne fait que très peu avancer le jeu. Associer Marquinhos, Kimpembe et Diallo aurait en revanche plus de sens, et le fait que Tuchel ait récemment affirmé que la meilleure position de Diallo était celle d'axial gauche dans une défense à trois n'est peut-être pas tout à fait innocent. Avec ces trois-là, Paris serait capable d'assurer une première relance de qualité, mais aussi d'aller fixer le premier rideau adverse ou de se projeter balle au pied. En plus d'assurer, a priori, une meilleure couverture sur les transitions et de mieux masquer les défauts des latéraux, deux soucis récurrents chez le champion de France en titre.

En attaque, plus de maîtrise mais pas assez de places ?

Contre Leipzig comme à Manchester, le passage en 3-5-2 peu après l'heure de jeu a permis au PSG de remettre un peu le pied sur le ballon. Un constat facilité par l'entrée en jeu de Marco Verratti au Parc des Princes, et par l'expulsion de Fred à Old Trafford. Mais dans ce système, avec des latéraux qui occupent tout le couloir, les relais peuvent se multiplier au cœur du jeu et entre les lignes, avec des joueurs friands des demi-espaces pour proposer des solutions et dérouter l'adversaire (Verratti, Rafinha, Neymar, Di Maria, Mbappé...). Ce schéma pourrait donc permettre de gagner en contrôle dans le camp adverse, et offrirait également une liberté totale aux deux attaquants stars de l'équipe, Neymar et Mbappé, régulièrement tancés -parfois à tort, souvent à raison- pour leur manque de rigueur à la perte du ballon. Déchargé des tâches ingrates, le tandem franco-brésilien pourrait ainsi conserver l'énergie nécessaire pour laisser opérer ses qualités dans le dernier tiers.

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Problème, cette équipe manque déjà cruellement de présence dans la surface lorsqu'elle joue avec un avant-centre. Un défaut qui risquerait de s'aggraver si seuls Neymar et Mbappé étaient alignés devant, car le PSG ne dispose pas d'un milieu type Wijnaldum, Goretzka ou Van de Beek, capable de se projeter dans la zone de vérité pour occuper l'espace et la défense adverse. L'autre souci majeur pour Thomas Tuchel serait évidemment de gérer les victimes d'une telle organisation, à savoir Angel Di Maria, Moïse Kean et Mauro Icardi. À moins d'intégrer Neymar ou Di Maria au milieu (improbable en Ligue des champions ou dans les grosses affiches de L1), il n'y aurait de la place que pour deux. Et donc beaucoup de déçus. En reléguant récemment son feu follet argentin sur le banc pour des raisons tactiques, l'entraîneur parisien a néanmoins prouvé qu'il n'avait peur ni d'effectuer des choix forts, ni d'innover, ce qu'il avait déjà démontré au début de l'automne avec des animations hybrides en Championnat. Si le 3-5-2 ne part donc pas avec les faveurs des pronostics sur la durée, il a au moins le mérite d'incarner un plan B intéressant pour Tuchel et sa caisse à outils.