benzema (karim) *** Local Caption *** (A.Mounic/L'Equipe)

Tactique : Karim Benzema, ça change quoi pour l'équipe de France ?

De retour en équipe de France plus de cinq ans après sa dernière sélection, Karim Benzema fait partie de la caste de ceux qui sont en mesure de changer la face d'une formation. Le come-back du buteur du Real ne devrait toutefois pas entraîner un changement de logiciel chez les Bleus, plutôt une mise à jour.

À l'échelle du monde du football, la nouvelle a fait l'effet d'une bombe. Peu avant midi ce jour d'annonce de liste des Bleus pour l'Euro 2020, Le Parisien annonçait que Karim Benzema (33 ans) n'avait jamais été aussi proche d'un retour en équipe de France, cinq ans après sa dernière sélection. Un peu plus de huit heures plus tard, Didier Deschamps officialisait le come-back. Et posait implicitement une nouvelle question : jouer avec l'avant-centre du Real Madrid, ça change quoi ?

Lire :
-La liste des 26 de Deschamps
-Deschamps à propos de Benzema : «On s'est vus et on a discuté longuement»

Coup dur pour Giroud et... Coman

Si «DD» a décidé de passer l'éponge et de relancer Benzema (81 sélections, 27 buts), ce n'est certainement pas pour renforcer son banc de touche. Résultat, deux habituels titulaires et, par voie de conséquence, certains seconds couteaux devraient voir leur statut évoluer dans les prochains jours. Le retour de «KB9» répond en effet à une logique sportive : Olivier Giroud n'a que trop peu joué cette saison (8 titularisations en Premier League) et le sélectionneur ne semble pas vouer une confiance aveugle à Wissam Ben Yedder. À tout le moins pas au point de confier au Monégasque la responsabilité de conduire son attaque. Un constat qui prévalait également pour Anthony Martial, finalement blessé, malgré le bon match effectué par le Mancunien à Lisbonne en novembre dernier (0-1). C'est pour l'ensemble de ces raisons que Benzema est en passe de se réinstaller à la pointe de l'attaque des Bleus. Et comme Deschamps tient à son 4-2-3-1 (ou 4-4-2, c'est selon) et à la stabilité qu'il confère à son équipe, Kingsley Coman devrait également faire les frais de ce remaniement. Car il y a fort à parier que le sélectionneur ne reviendra pas sur son choix de titulariser un profil équilibrant côté gauche (ou côté droit, si «DD» venait à placer Kylian Mbappé à gauche). Les quatre joueurs de l'équipe de France situés le plus haut sur le terrain devrait donc être les suivants : Kylian Mbappé, Benzema, Antoine Griezmann (dans l'axe) et Adrien Rabiot ou un autre joueur capable d'apprivoiser l'asymétrie et d'équilibrer l'équipe.

Un rôle différent pour Griezmann... ou pas

La seule fois où Griezmann et Benzema ont disputé une grande compétition internationale ensemble, le joueur du Barça n'était encore qu'un ailier qui pointait le bout de son nez. Depuis, le Mâconnais est devenu l'un des (le ?) joueur(s) le(s) plus important(s) de l'équipe de France (il compte à ce jour 89 sélections pour 35 buts) et a été à la baguette de tous les mouvements offensifs français depuis le milieu de l'Euro 2016. C'est en effet à la mi-temps d'un match bien mal embarqué contre l'Irlande (0-1 à la pause en huitièmes de finale), que Deschamps a réaxé le numéro 7 pour en faire son meneur de jeu. Ce qui fait dire à certains observateurs que «AG7» et «KB9» pourraient, très vite, se marcher sur les pieds s'ils venaient à être associés dans l'axe. C'est oublier un peu vite que Benzema, s'il excelle dans les décrochages et dans le rôle de neuf et demi, est aussi un formidable buteur. Cette saison, l'avant-centre de la Maison Blanche en est à... 29 buts en 45 apparitions toutes compétitions confondues. Et il n'a pas tremblé lorsque l'altitude s'est élevée, au contraire. Benzema a ainsi inscrit un but lors de chacune des double-confrontations du Real face à l'Inter, l'Atalanta, Chelsea, l'Atlético et le Barça. L'ancien buteur de l'OL semble donc plus prêt que jamais à endosser le costume de finisseur. Ce qui ne l'empêchera pas de permuter avec un Griezmann dont l'intelligence de jeu n'est plus à démontrer... Vous avez dit alléchant ? Associez ces deux-là à la fusée Kylian Mbappé (avec laquelle Benzema n'a encore jamais joué) et vous obtenez en tout cas, sur le papier, un trio que tous les entraîneurs rêveraient de diriger.

Plus de cinq après, Deschamps décide de refaire confiance à Benzema. (R. Martin/L'Équipe)

La même philosophie globale ?

C'est peut-être de ce point de vue-là que la nouveauté de l'année ne va... rien changer. Si le sélectionneur semble avoir acté que l'on pouvait changer une équipe qui gagne, sa formule devrait demeurer la même. Si Benzema ne présente pas tout à fait le même profil de remiseur qu'un Giroud, il est tout à fait capable d'offrir de précieux relais dans une équipe de «transitions». C'est même peut-être dans cette faculté à effectuer ce que le jeu réclame que le Madrilène excelle le plus. Et puisque les profils qui l'entoureront seront ceux d'avaleurs d'espaces, l'équipe de France devrait demeurer cette escouade capable de faire mal en quelques secondes. Il serait alors davantage question d'une mise à jour, installée par un informaticien qui maîtrise tous les systèmes et lit le jeu comme personne, que d'un changement de logiciel.

Et dans le vestiaire, alors ?

Puisque la nature a horreur du vide, plusieurs lieutenants sont montés en grade dès lors que Benzema a été écarté du groupe France. Autant de jeunes promus qui ne voyaient pas vraiment d'un bon oeil le come-back du natif de Lyon. Entre-temps, La France a gagné sans son ancien buteur tandis que celui-ci n'a fait que regagner du crédit, année après année, en faisant profil bas et en empilant les titularisations dans l'un des plus grands clubs de la planète. Autrement dit, le temps a joué en faveur de... tout le monde. Benzema s'est refait une image et ceux qui redoutaient un bouleversement des équilibres sont désormais à ce point installés qu'ils n'ont plus rien à craindre pour leur place et leur statut. Et Deschamps n'est pas sans savoir que les rapports qu'entretenaient ses tauliers avec le «Nueve» n'ont rien à voir avec ceux qui ont pu exister entre l'attaquant et certaines figures bleues, au début des années 2010. Pour le dire autrement, tout indique que le retour de Benzema est désormais perçu de la même manière par le vestiaire et l'opinion publique : favorablement. - T. P.

- Toute l'actualité des Bleus