badiashile (benoit) lafont (alban) guendouzi (matteo) (B.Papon/L'Equipe)

Euro Espoirs : Notre bilan de la phase de poules pour l'équipe de France

Deux victoires, une défaite, une deuxième place de poules et une qualification pour les quarts de finale de l'Euro : globalement, l'équipe de France Espoirs a assuré l'essentiel en Hongrie. FF va un peu plus loin et dresse son bilan, que ce soit au rayon des bons, mais aussi des mauvais points.

Pour la manière on repassera
Que ce soit les "petits" de l'équipe de France Espoirs, ou les "grands" de l'équipe de France A, il a fallu s'accrocher pour suivre chacune des rencontres durant cette trêve internationale. Débarqués en Hongrie avec un effectif assez dingue pour ce niveau, les Français n'ont pas franchement impressionné, loin de là. Avec une pénible bouillie collective pour lancer l'aventure face au Danemark en ouverture. On n'oublie pas que cette équipe n'a eu que très peu de temps pour s'entraîner et que la compétition démarrait très vite après les retrouvailles à Clairefontaine, mais il fallait voir le pénible visage affiché, pour finir par se faire avoir. Et ainsi se mettre une pression XXL pour la suite. Devant une Russie moins regroupée que le Danemark, ce fut légèrement mieux, mais il a fallu deux penaltys pour l'emporter. Enfin, face à une très faible Islande, on a enfin vu deux buts dans le jeu, mais voir les filets adverses trembler deux ou trois fois de plus aurait presque été normal. Au-delà de la qualification "seulement" à la deuxième place, il y a donc eu de la déception dans le rendu. Surtout car cette équipe ne se découvrait pas dans l'Est de l'Europe. Si ce n'est un Aurélien Tchouaméni et un Pierre Kalulu, qui effectuaient leur première dans le groupe, le reste a déjà eu un certain vécu ensemble. Auront-ils les capacités à élever très vite leur niveau à la fin du mois de mai pour éviter un retour express à la maison ? A noter enfin que, question niveau de jeu et animation, les absences de Moussa Diaby (Covid) et d'Houssem Aouar (blessé) juste avant le début des hostilités se sont clairement fait sentir.
 
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Lafont-Koundé, tauliers défensifs
En fin de compte, l'équipe de France n'aura encaissé qu'un petit but en 270 minutes de jeu. Suffisant pour se manger une défaite, oui, mais aussi rassurant sur certaines capacités défensives de cette équipe. En incompréhension avec Benoît Badiashile sur le but danois, Alban Lafont s'est sérieusement repris par la suite. Il a sorti deux parades précieuses pour annihiler les velléités russes et une autre face à l'Islande pour éviter un stress final inutile. Avec, devant lui, un Jules Koundé également inspiré et inspirant. Il a aussi réagi après le Danemark et le reste de sa phase de poules a été globalement solide malgré une glissade en début de partie face aux Russes. Il est le seul élément de la défense à avoir disputé les trois matches dans leur intégralité, cela veut tout dire. Et si, par bonheur pour lui, il devait se retrouver avec les grands à l'Euro en juin, ce serait un gros manque pour Sylvain Ripoll. Au rayon défenseurs centraux, à noter la bonne impression laissée par Ibrahima Konaté face à la Russie, alors qu'un Benoît Badiashile sur courant alternatif a pris place face au Danemark et à l'Islande.
 
Dagba est bien seul, Truffert a détonné
Il n'aurait peut-être pas pu à lui tout seul éviter la défaite inaugurale face aux Danois, mais on a clairement vu qu'avec un Colin Dagba, ou du moins un latéral de métier, aligné lors du deuxième match, cela se ressentait sur l'équilibre du côté droit de l'équipe de France. Pas franchement gâté par son sélectionneur, qui l'a envoyé sur la droite de la défense lors du premier match pour pallier l'absence du Parisien pour suspension, Wesley Fofana n'a pas surnagé, loin de là. Le défenseur de Leicester a montré (logiquement) quelques limites et n'est pas réapparu par la suite alors qu'on voyait en lui une doublette prometteuse avec Jules Koundé en charnière. Reste que Colin Dagba a fait du bien et a compris qu'il était bien seul pour ce poste. Car derrière lui, Pierre Kalulu n'a pas joué une seule minute... De l'autre côté, le match 100% Stade Rennais a tourné à l'avantage d'Adrien Truffert. Faitout Maouassa, seulement aligné lors de la dernière rencontre, a su réagir avec une prestation assez bonne devant une adversité faible, mais Truffert a étonné et détonné devant la Russie avec un coffre impressionnant. Ne pas oublier, il est vrai, qu'il a été moins en réussite face au Danemark, mais cela confirme là tout le bien qu'il a déjà pu montrer en Ligue 1 et en Ligue des champions avec les Bretons.
 
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Tchouaméni, déjà très précieux. (B.Papon/L'Equipe)

L’indispensable Tchouaméni, Kamara aux oubliettes
Il a changé la face des Bleuets. Par son allant offensif et sa capacité à casser des lignes, Aurélien Tchouaméni a transfiguré le onze tricolore. Remplaçant lors de la débâcle collective face au Danemark, le Monégasque a exporté son talent hexagonal à l’échelle européenne. D’un milieu atone et peu emballant contre les Danois à des circuits de passes plus tranchants, la clé était Tchouaméni. Milieu de terrain au profil hybride, son apport a fait un bien fou. Dans les rayons des mauvaises nouvelles pour Sylvain Ripoll, le cas Boubacar Kamara. Véritable plaque tournante de l’OM cette saison, le Marseillais a joué dans un registre beaucoup trop simpliste lors de sa seule titularisation contre le Danemark. Noyé dans un collectif à la peine, il n’a su porter ses coéquipiers et a mangé du banc lors des deux victoires françaises. Son manque de prises d’initiatives et sa relative lenteur lui ont fait perdre sa place dans le onze avec un trio Guendouzi – Soumaré – Tchouaméni qui a convaincu. Mais la vérité du 31 mars n’est pas forcément celle du 31 mai prochain…
 
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Guendouzi, capitaine à réaction
Son cas a pu être débattu sur les réseaux sociaux au moment de la divulgation de la liste des 23 de Sylvain Ripoll, notamment quand il s'agissait d'évoquer l'absence de Maxence Caqueret : Mattéo Guendouzi a-t-il vraiment sa place parmi un milieu de terrain au réservoir cinq étoiles ? C'est que même si sa saison au Hertha Berlin est faite de hauts et de bas, et qu'il est loin de son niveau d'Arsenal époque Unai Emery, Mattéo Guendouzi est un indéboulonnable de Sylvain Ripoll. Le joueur prêté au Hertha par les Gunners est même devenu le capitaine des Espoirs après la grave blessure de Jeff Reine-Adélaïde. Très motivé à l'idée de briller dans la compétition, Guendouzi, à l'image de son équipe, s'est manqué en ouverture face au Danemark. Peu impactant et peu précis au sein d'un milieu de terrain étrangement faible, Guendouzi n'a joué que sept minutes lors du match décisif face à la Russie avant de réagir avec la manière devant l'Islande. Il a su marquer ce match de son empreinte, avec l'ouverture du score, oui, mais franchement pas que. Par moment, il insufflait un rythme et une dynamique essentiels aux siens pour éviter le piège de l'élimination. Comme s'il avait été piqué par un début de tournoi manqué.
 
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On en attendait bien plus d'Amine Gouiri. (B.Papon/L'Equipe)

Gouiri, déception n°1
U16, U17, U18, U19, U20, Espoirs : en attendant peut-être un jour les A, Amine Gouiri a connu toutes les sélections de jeunes en équipe de France, avec toujours de très nombreux buts à la clé : 43 sélections entre U16 et U20, 36 buts. Mais en Espoirs, le ratio est moins impressionnant avec 11 matches pour 4 pions. Et lors de cet Euro, son compteur est resté bloqué à zéro. La pépite de l'OGC Nice, qui porte le Gym en Ligue 1 cette saison, est la déception offensive de cette phase de poules. Rare élément à tenter des choses face au Danemark, Gouiri n'a, au contraire de ses coéquipiers, pas su réagir dans le bon sens malgré la confiance accordée par Ripoll (3 titularisations en 3 matches). L'ancien de l'OL a pourtant eu des opportunités sur son côté, pour revenir dans l'axe, frapper ou combiner avec ses coéquipiers, mais ce fut rarement efficace.
 
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Ripoll a voulu stimuler un groupe
Sur 20 joueurs de champ, un seul élément n'a pas disputé une seule minute dans cette phase de poules de l'Euro : il s'agit de Pierre Kalulu, qui découvrait l'équipe de France Espoirs cette semaine. Ainsi, dans l'optique de la phase finale entre fin mai et début juin, mais aussi des Jeux Olympiques de Tokyo cet été, il y a comme l'impression que Sylvain Ripoll a voulu aussi suivre une logique de groupe. En ne mettant pas forcément les "meilleurs", ou du moins ceux qui ont fait bonne impression, sur le terrain un match après un autre. Regardez plutôt comment des Boubakary Soumaré, Adrien Truffert ou Ibrahima Konaté ont pris place sur le banc face à l'Islande alors qu'ils avaient performé face à la Russie. Verra-t-on les effets de cette méthode ?

Timothé Crépin et Johan Tabau