Soccer Football - Serie A - Hellas Verona v Juventus - Stadio Marc'Antonio Bentegodi, Verona, Italy - February 27, 2021 Juventus coach Andrea Pirlo and Cristiano Ronaldo REUTERS/Jennifer Lorenzini (Reuters)

Juventus Turin : des échecs récurrents et des interrogations sensibles après la nouvelle élimination prématurée en Ligue des champions

Après deux finales en trois ans, la Juventus Turin reste sur deux quarts et deux huitièmes de finale en Ligue des champions. Des résultats très décevants pour un club mal embarqué pour le titre en Serie A et dont l'avenir engendre de grosses interrogations.

La Coupe et la Super Coupe d'Italie. Voilà ce qui pourrait figurer au palmarès de la Juventus Turin à l'issue de l'exercice 2020-21. Pâle, bien pâle bilan pour une telle écurie. Qualifiée pour la finale de la coupe nationale qu'elle disputera contre l'Atalanta Bergame le 19 mai et victorieuse de la Super Coupe en janvier face à Naples (2-0), la Vieille Dame brigue toujours un dixième Scudetto de rang, mais les affaires semblent mal engagées, l'Inter pointant dix longueurs devant à douze journées de la fin (treize matches à disputer pour la Juve). Et puis, elle espérait enfin décrocher la Ligue des Champions avec Cristiano Ronaldo, et pour Gigi Buffon, toujours en quête d'un premier sacre continental à 43 ans. Mais c'est râpé. Le FC Porto est passé par là, et l'institution piémontaise doit repousser ses desseins européens à au moins un an.

D'ici là, Buffon ne sera finalement peut-être plus là. Malgré sa joie communicative et son enthousiasme de junior, son appétit vorace en aura peut-être pris un coup. S'il ne stoppe pas de lui-même, ce qui devrait être le cas, que ce soit dans trois mois, un an ou deux, on lui fera peut-être sentir. Giorgio Chiellini pourrait aussi remballer les crampons en fin de saison après l'Euro. A 36 ans, le défenseur a assisté impuissant à la faillite des siens depuis le banc, mardi soir à l'Allianz Stadium, au côté de Buffon et Bonucci, sorti à la 75e minute. Après deux finales en 2015 et 2017, le «grognard» bianconero n'ira pas au bout de la C1.

Allegri, Sarri, Pirlo... Les coaches défilent, les revers européens aussi

Avec Massimiliano Allegri, la Juventus s'était repris à rêver de la Coupe aux grandes oreilles après de très longues années d'errance (finales en 2003, 1998 et 1997). Bon, elle avait raté ses deux finales face au FC Barcelone (1-3) et contre le Real Madrid (1-4), mais enfin, on la voyait de nouveau au top européen sur la lancée de ses conquêtes nationales. Avec la venue de Ronaldo pour 100 millions d'euros, le meilleur joueur de la planète avec Lionel Messi, elle s'était ensuite offert un joyau capable de l'emmener tout en haut. Meilleur buteur historique de la compétition devant son rival du Barça, le Portugais débarquait après avoir soulevé cette Ligue des champions à cinq reprises ! Ça pouvait franchement le faire pour la Vieille Dame, même si CR7 n'était plus tout jeune.

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Malheureusement, trois cuisants échecs se sont succédé après une précédente sortie épique en quarts contre le Real Madrid (0-3, 3-1). Que ce soit avec Allegri, Maurizio Sarri ou Andrea Pirlo aux manettes. Ronaldo ne suffit pas, il faut se rendre à l'évidence. Pour la dernière saison d'Allegri, la Juve s'est plantée en quarts, déboulonnée par les jeunes pousses de l'Ajax Amsterdam malgré le réalisme de Ronaldo (1-1, 1-2). Puis la «révolution» Sarri a failli. La Juve a subi l'affront de sortir dès les huitièmes de finale. Battue en mars à Lyon (0-1) avant l'interruption due au coronavirus, elle s'arrêtait en août malgré un doublé de Ronaldo (2-1). Le Portugais se bougeait, mais autour de lui, le caractère faisait défaut. Et mardi soir, le quintuple Ballon d'Or France Football était aux abonnés absents contre Porto. Pour la première fois depuis la saison 2005-06, il n'a pas marqué en phase à élimination directe de C1. Chiesa, par qui passe sûrement le futur de la Juve, s'est illustré avec un doublé rageur mais cela n'a pas suffi une nouvelle fois en huitième de finale retour (succès 3-2 insuffisant après le revers 1-2 de l'aller).

Ronaldo transféré l'été prochain ?

Pirlo (41 ans) venait pour faire parler sa riche expérience européenne mais le pari, actionné rapidement un peu à la surprise générale l'été dernier et encore assez bancal sur ce qui a été observé en Serie A, n'a pas fonctionné. L'ancien maestro de l'entrejeu est encore un tout jeune entraîneur et ses principes de jeu n'ont encore pas sauté aux yeux. Les coachs ont défilé, quelques joueurs sont arrivés, la vieille garde est toujours là (Buffon, Chiellini, Bonucci), mais la Juve reste toujours à quai en Coupe d'Europe. Les interrogations s'amoncellent désormais autour de l'avenir de Pirlo et Ronaldo. L'attaquant a encore un an de contrat en Italie. Mais voudra-t-il continuer ? Ou les dirigeants turinois préféreront-ils monnayer son éventuel départ pour préparer l'avenir et économiser son énorme salaire (31 millions d'euros nets annuels) dans une période compliquée ? Quant au technicien, il ne semble pas menacé dans l'immédiat et inquiet, évoquant un large projet sur plusieurs années. «J'ai parlé avec le président après le match. Nous avons parlé du futur, du match et de ce que nous devons faire pour nous améliorer», a confié Pirlo dont l'esprit est désormais résolument tourné vers le championnat.

Emmanuel Langellier