coman (kingsley) neymar (F.Faugere/L'Equipe)

Bayern-PSG : Le Neymar qu'on aime tant

Absent face au FC Barcelone en huitièmes, à l'aller et au retour, Neymar a claqué deux passes décisives de premiers choix et une prestation remarquable pour mettre Paris sur la voie des demi-finales. Analyse de sa prestation en Bavière.

Neymar lit-il le site de France Football ? Franchement, même si on ne saurait trop lui conseiller ces saines lectures, on doute que le Brésilien ouvre l'application de FF à chaque sortie d'entraînement. Néanmoins, on l'avoue et on le félicite : il nous a fait taire. Car dimanche dernier, au lendemain d'une nouvelle sortie détestable face au LOSC et ce carton rouge proche du ridicule, en plus de cette attitude bien gênante à vouloir provoquer Tiago Djalo jusqu'aux vestiaires, on se posait cette question : Neymar fait-il toujours partie de la catégorie des très grands joueurs ? Il nous a donné un début de réponse. Un début, car on connaît trop l'ancien du Barça pour dire qu'il va désormais s'occuper uniquement de son football. Mais le genre de performance vue à Munich mercredi soir doit lui faire toujours plus prendre conscience des incroyables capacités et des résultats dingues, qu'ils soient collectifs et aussi personnels (on pense notamment à un ballon en or remis chaque fin d'année), qu'il pourrait recueillir s'il acquérait la régularité et la concentration nécessaires.

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-L'énorme coup du PSG à Munich !
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Les positions moyennes parisiennes à Munich, avec un Neymar bien dans sa position de numéro 10 en soutien de Mbappé.

Lille vs Bayern : deux mondes différents

Sur la pelouse du Bayern, on a revu le Neymar de Lisbonne (avec le quart de finale face à l'Atalanta et la demie face à Leipzig), le Neymar de Dortmund en 2020, le Neymar de Liverpool en 2018, le Neymar du Bayern (déjà) en 2017. Bref, le Neymar "Ballon d'Orisable". Devant David Alaba et consorts, on a en tout cas vu un Neymar à l'attitude totalement opposée à celle de samedi dernier. Joshua Kimmich lui colle un énorme coup de coude pour marquer son territoire (14e) ? Neymar, sous le coup d'une suspension pour le retour en cas d'avertissement, ne bronche pas. Il est en mission, lui qui a subi quatre fautes à l'Allianz Arena pour, seulement, c'est vrai, 46,7% de duels gagnés. Il a été au service de son équipe, c'est tout là la différence. Surtout, c'est ballon aux pieds qu'on l'attendait. Et, là, encore, on y a vu une sacrée différence. C'est quand vous sentez ce Neymar qui file avec le cuir, qui s'intercale entre les lignes, qui distille ses passes cachées dont il a le secret, que vous comprenez que c'est un grand soir. Avec ce mood-là, le Brésilien redevient ce joueur si rare.

La heatmap du Brésilien face au Bayern.

A l'initiative de nombreuses actions, Neymar s'est régalé de certains trous béants laissés par ses adversaires. Regardez son appui sur Angel Di Maria pour l'action de l'ouverture du score. Une passe à l'Argentin, une course à haute intensité pour griller Kimmich, avant d'obliger Niklas Süle à ne pouvoir faire de choix entre lui et Kylian Mbappé. Pour, alors, cette feinte de frappe qui se transforme en passe magique pour le Français. A peine trois minutes de jeu et on était déjà fixé sur le mode grand soir enclenché par le Ney. S'il n'affiche pas un pourcentage de passes réussies dingue (73%, 19 passes complétées sur 26), il faudrait s'intéresser au pourcentage des passes qui ont fait des différences. On parie que le chiffre est encore meilleur au regard des différents lancements justes qu'il a pu effectuer (12e, 28e, par exemples).

Les 49 ballons touchés de Neymar.

41 buts et 29 passes décisives en 66 matches de C1

L'illustration d'une technique affinée et aux petits oignons pour ce big game intervenait peu avant la demi-heure. Avec cette inspiration géniale pour ce centre, alors qu'il se trouve à plus de quarante mètres, dans la surface pour Marquinhos (0-2, 29e). Majestueux. Ses 28e et 29e passes décisives dans sa carrière en Ligue des champions (pour 41 buts) en 66 matches. Le seul regret de sa soirée ? S'être fait reprendre par Lucas Hernandez sur une nouvelle prise d'espaces initiée par Di Maria (son partenaire privilégié à Munich avec sept ballons échangés). Dans la surface, Neymar manquait de lucidité (32e). Pas loin du sans-faute offensivement, Neymar ne se mouillait que très peu question repli. Quelque peu autour de Kimmich en tout début de partie, il lâchait très vite l'affaire. Et c'est aussi pour ça que le numéro 6 bavarois et les siens jouissaient d'une trop grande liberté qui aurait pu, si ce n'est dû, faire davantage mal à Paris. Mais les rares fois où il redescendait, il pouvait réussir à gratter un ballon (cinq récupérés ce mercredi soir) et soulager les siens en provoquant une faute (45e).

Juste dans ses intentions, Neymar allait certainement pouvoir profiter d'encore plus d'espaces après la pause, le Bayern courant derrière le score. Mais sa partie aurait pu très vite s'écourter avec cette alerte consécutive à une passe pour Julian Draxler (50e). Vu de la télé, le Brésilien semblait touché. Lorsqu'on l'a vu repartir au galop avec Kylian Mbappé (51e), puis tenter un sombrero (55e), on avait compris que c'était une fausse alerte. Neymar se procurant même une énorme occasion face à un Manuer Neuer enfin décisif (52e). Toujours trouvé entre les lignes, et même par moment précieux par son jeu dos au but (58e), Neymar, 49 ballons touchés (quatrième plus haut total de son équipe), effectuait 90 minutes sur un terrain pour la première fois depuis le 31 janvier (défaite 2-3 à Lorient). Pour un grand match, noté 7 par FF. Enfin disponible pour l'aller et le retour d'un grand rendez-vous en élimination directe, Neymar a été à la hauteur de la classe qui doit faire de lui l'un des tout meilleurs de ce sport. En espérant ne devoir jamais remettre de nouveau en cause sa place dans cette catégorie.

Neymar effectuait 90 minutes sur un terrain pour la première fois depuis le 31 janvier (défaite 2-3 à Lorient). Pour un grand match.

Timothé Crépin