primorac (boro) (L'Equipe)

Mon match de légende : Lille-Bordeaux 1985, «une soirée magique»

Dans le cadre du Top 50 des matches de légende à retrouver dans le nouveau numéro de France Football, nous vous avons invités à nous raconter VOTRE soirée inoubliable. Nouvel épisode avec un seizième de finale de Coupe de France dingue à Lille.

J'ai neuf ans en 1977. Un copain de classe, Franck, me propose d'aller voir un match de foot, "en vrai", au stade Grimonprez-Jooris de Lille. Nous habitons dans la banlieue de Tourcoing. Son père est abonné au LOSC et emmène son fils à tous les matches... Moi qui n'avais que rarement vu du foot, mes parents n'aimant pas ça, je suis ravi... Et voilà le foot qui entre dans ma vie. Franck et son père m'ont alors emmené au stade trois ou quatre fois par an, selon les affiches, durant les années suivantes...

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Le Bordeaux des Lacombe, Tigana, Battiston...

Arrive LE match, dont on parle encore aujourd'hui avec Franck, celui qu'on n'oubliera jamais. Nous sommes le 12 mars 1985. Stade Grimonprez-Jooris, seizièmes de finale de Coupe de France. Jusque-là, rien de magique, et surtout pas cette équipe de Lille qui flirte toujours avec la D2 et qui ne fait pas vraiment rêver... La magie est en face : le grand Bordeaux ! Lacombe, Thouvenel, Tigana, Battiston, et ce rouleau compresseur bordelais, qu'on adore voir jouer à la télé, est animé par un entraîneur qui deviendra grand, Aimé Jacquet. C'est l'équipe qui défie les grands d'Europe qui vient finir le travail en terres lilloises.

Et là, je découvre de l'intérieur ce qu'est un stade en fusion, un stade plein à craquer qui pousse avec son équipe, un stade heureux et uni... Quelle ferveur ! Quel bruit !

Nous avions en effet perdu le match aller 3-1, et personne n'imaginait le LOSC revenir au score. Et ça commence en plus très mal : Lille encaisse un but dans les premières minutes. On se console en se disant qu'on a vu Dropsy et consorts en vrai, c'est déjà pas mal, non ? Mais avec deux buts avant la mi-temps, Lille mène 2-1 et c'est tout un stade qui commence à y croire. A la reprise, Lille continue à attaquer. Arrive le troisième but, synonyme de prolongation, et là, je découvre de l'intérieur ce qu'est un stade en fusion, un stade plein à craquer qui pousse avec son équipe, un stade heureux et uni... Quelle ferveur ! Quel bruit !
Quel souvenir que cet instant précis. Je me souviens encore de la pause, juste avant la prolongation. Cette ferveur dans les tribunes, tout le monde y croyait. Et, pour parachever la soirée magique, Lille ajoute deux buts, terrasse l'immense Bordeaux 5-1, et se qualifie pour les huitièmes. Certainement le plus grand exploit de Lille durant ces années plutôt tristes. Un exploit qui m'a fait basculer définitivement dans le camp des supporters du LOSC !
Aujourd'hui, en 2021, je ne rate toujours pas un match de mon équipe favorite, à la télé, pandémie oblige. Mais nous comptons les jours, avec Franck, mon ami de cinquante ans, pour nous retrouver au stade, comme on le fait une fois par an depuis cette époque. Cela fait plus de quarante ans que ça dure... Qui l'eût cru ?